La nouvelle maison de ventes aux enchères fondée par Farouk Abillama, F.A. Auctions, a organisé sa première vente sous la houlette de Tom Best, ancien commissaire-priseur de Christie’s, le 31 mars dernier.
Malgré une pluie battante, une centaine d’acheteurs et de curieux s’étaient réunis à D Beirut, dans le quartier de la Quarantaine.
Le catalogue avait de quoi affoler les collectionneurs : il présentait un large panel de la création moderne et contemporaine libanaise avec des incontournables comme Paul Guiragossian ou Chafic Abboud ainsi que des artistes plus rares à l’image de Naïm Doumet ou Michel el-Mir.
Sur les 70 lots, 70% ont trouvé preneur. Le record de cette soirée allant à une toile d’Yvette Achkar, datée de 1982 (voir tableaux des principaux résultats, plus bas). Estimée entre 30.000 et 50.000 dollars, cette peinture a finalement été adjugée 88.500 dollars (commissions de 18 % comprises). Le montant total de la vente n’a pas été communiqué.
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« Malgré l’existence de plusieurs autres maisons d’enchères, il y a une place à prendre à Beyrouth », prévient Farouk Abillama. « Je recherche des pièces à la provenance impeccable et propose une garantie sur trois ans : l’acheteur sera remboursé si deux experts mettent en doute l’authenticité d’une pièce vendue par mes soins ».
Ancien financier de la City londonienne, Farouk Abillama est rentré il y a deux ans à Beyrouth avec l’idée de s’investir dans le monde de la culture. Collectionneur, spécialiste du peintre Saliba Douaihy, l’homme entend organiser deux ventes annuelles, dédiées aux artistes du Moyen-Orient modernes et contemporains. La prochaine devrait d’ailleurs se tenir courant octobre 2019.
Le contexte n’est pourtant pas idéal pour se lancer : si un petit groupe d'acheteurs est toujours capable de batailler pour les pièces exceptionnelles, le secteur connaît depuis quelques années une correction assez nette, de l’ordre de 20 à 25% des prix de ventes constatés dans la région. « Je reste un ardent défenseur de la volatilité dans un marché. C’est une réaction très saine », commente Farouk Abillama.
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Même la concurrence des pays du Golfe où Christie’s et Sotheby’s sont installés ne semble pas l’inquiéter. « La majorité des œuvres d’artistes libanais présentées à Dubaï proviennent en fait du Liban. Or, depuis le 1er janvier 2018, l’émirat ponctionne 5 % au titre de la TVA et 5% de droits de douanes à l’importation. Au final, si on compte l'assurance, le transport et le premium du commissaire-priseur, cela représente un lourd investissement. Beyrouth a clairement une carte à jouer dans cette configuration » Si la TVA au Liban reste à taux plein (11%), le vendeur évite a minima les frais de transport et d'assurance.
Cette carte, Farouk Abillama espère pouvoir la mettre très vite en jeu : il songe à créer avec ses pairs une semaine d’enchères sur le modèle de celle qui s’est tenue à Londres, l’an passé, où l'ensemble des maisons ont fait front commun pour présenter leur vente sur une semaine. « Pourquoi pas au moment de la Beirut Art fair ? »
Artiste | Œuvre | Estimation ($) | Prix de Vente (après premium)* |
Yvette Achkar (1928) | Number 19, 1982 | 30 000 – 50 000 | 88 500 |
Hussein Madi (1938) | Sans titre, 1996 | 40 000- 60 000 | 55 500 |
Willy Aratingi (1930 – 2003) | Le Plein été, 1991 | 36 000 – 45 000 | 54 000 |
Paul Guiragossian (1926 – 1993) | Souvenir, 1972 | 45 000 – 65 000 | 53 000 |
Helen Khal (1923-2009) | Sans titre, 1992 | 15 000 – 20 000 | 43 500 |
* 18 % de frais inclus