Plages mythiques de Beyrouth : de l’âge d’or au règne du béton
La municipalité de Beyrouth planche sur un projet d’aménagement de la Corniche dans le quartier de Aïn el-Mreissé et de Manara.
Il s’agit d’élargir l’espace public disponible entre l’hôtel Vendôme et le complexe balnéaire des Bains militaires.
«Nous envisageons d’y aménager une piste cyclable, d’augmenter les espaces verts et d’améliorer, d’une façon générale, l’accès à la mer», explique Jamal Itani, le président de la municipalité de Beyrouth.
«Dans ses intentions initiales, le projet est intéressant », commente Mona Fawaz, professeure en urbanisme à l’Université américaine de Beyrouth (AUB) et membre de Beyrouth Madinati.
Une première mouture a été présentée fin janvier aux habitants des quartiers concernés ainsi qu’aux associations locales. « Tel qu’il nous a été expliqué, il s’agit d’une grande dalle de béton, qui descendrait progressivement depuis la Corniche jusqu’au niveau de la mer pour proposer un assez large espace libre », explique l’activiste Raja Noujeim, qui suit le dossier.
Mais ce réaménagement, dont les services municipaux ont estimé le coût à 25 millions de dollars, n’a pas rencontré l’assentiment du public. Habitants et associations lui reprochent d’abord son lourd impact environnemental.
«Construire une avancée en béton d’une telle ampleur affecte le jeu des courants marins, au risque de créer ailleurs, sur la côte, des vagues puissantes», fait valoir Raja Noujeim. Mais c’est la pertinence du projet lui-même que la société civile met en cause.
«Beirut Madinati estime que la restructuration de la Corniche n’a pas lieu d’être tant que le problème des égouts, qui se déversent sans retraitement à cet exact emplacement, n’aura pas été réglé. Qu’importe de favoriser l’accès à la mer si celle-ci est contaminée ? » fait valoir Mona Fawaz.
Si la municipalité n’a pas abandonné son projet, elle assure malgré tout accepter de revoir sa copie. «Nous nous sommes depuis assurés que le futur aménagement protégerait le littoral. Rien ne sera touché», promet Jamal Itani, sans cependant donner plus de détails quant aux révisions apportées.
La municipalité espère lancer les appels d’offres avant la fin de l’année. Une étude d’impact environnemental devra au préalable être menée. «Une société accréditée par le ministère de l’Environnement sera chargée de l’effectuer», assure le président de la municipalité.