En chinois, le mot “crise” est formé de deux caractères : le premier représente le danger, le deuxième l’opportunité. Sans vouloir faire preuve d’un optimisme béat, c’est sans doute le meilleur moyen de voir la crise que traverse aujourd’hui le pays.
Ne nions pas la réalité : la situation est grave et les Libanais ont raison de s’inquiéter. Certains risquent de perdre leur emploi, leur entreprise et même leurs économies.
Mais le danger le plus grave qui guette le pays est l’émigration. Si cette jeunesse vibrante, qui s’est mobilisée dans la rue, venait à perdre espoir et à partir, le pays ne deviendra jamais celui dont elle rêve, quels que soient les montants qu’elle pourrait lui transférer de l’étranger.
L’histoire prouve que dans l’échange de cerveaux contre de l’argent, le Liban est toujours perdant. Et c’est justement là que réside l’opportunité. Dans la possibilité qu’offre cette crise pour sortir de ce modèle défaillant, de « renverser la table ».
Si la révolution du 17 octobre fait émerger de véritables hommes d’État, capables de réfléchir et d’arbitrer dans l’intérêt du Liban, et non des communautés qui le composent, le pays pourra mobiliser ses talents et les ressources financières nécessaires, pour passer d’une économie de rente à une économie productive. L’avenir sera alors plus prometteur qu’il ne l’a jamais été.