La question est, hélas, rhétorique. Si le Liban n’était pas en pilotage automatique depuis déjà trop longtemps, il n’en serait pas là aujourd’hui. Mais face au risque d’un crash violent, le refus de la classe politique de confier les manettes à des gens prêts et capables d’affronter la tempête est inadmissible.
La crise est certes inévitable. Après des années d’incurie, il est peu probable que le Liban échappe à un ajustement financier et économique d’envergure. Mais le coût de cet ajustement et ses implications sur la société ne sont pas prédéterminés. L’atterrissage pourrait être plus ou moins brutal selon la compétence du pilote, et la répartition des coûts plus ou moins équitable, selon son intégrité.
Le problème est que le temps ne joue pas en notre faveur. Les tergiversations de la classe politique minent chaque jour un peu plus la confiance dans la capacité du Liban à se relever, et imposent des arbitrages sur lesquels il sera plus difficile de revenir. Ceux qui peuvent partir n’hésitent plus. Ceux qui restent sont totalement paniqués, et les opportunistes en profitent pour faire des affaires.
C’est à se demander d’ailleurs si tel n’est pas l’objectif. Qui a intérêt à une faillite désordonnée du Liban et sa mise sous tutelle de la part des bailleurs de fonds éventuels ? Ceux qui auront les moyens par la suite de rafler la mise. Et les dirigeants actuels, qui n’auront ainsi ni à assumer les conséquences des politiques passées ni les choix à venir.