On finira bien un jour par sortir de notre carcan. Cela faisait des lustres que les Européens nous faisaient du pied, mais nous avons réussi à les bouder pendant 3 ans, avant de reprendre langue avec eux (p. 18). On espère que cet intermède leur a servi de leçon pour améliorer leur offre de partenariat. Un autre “yeux bleus” et visage pâle, Wolfensohn, simple directeur de banque (appelée quelque chose comme “mondiale” – même pas listée par la BDL), se prend pour un prof d’économie en nous lançant des avertissements à peine voilés sur nos manies étatiques dépensières (p. 14).
Heureusement qu’il y a encore quelques lucides autochtones pour ne pas se laisser impressionner. Le ministre de l’Énergie s’est ainsi offert une cohorte de partisans banlieusards, en leur fournissant gratis, entre autres, de l’électricité ad vitam æternam. Et s’étonne, dans la foulée, pourquoi diable certains veulent se débarrasser de journalistes du ministère de l’Information, sous le fallacieux prétexte qu’ils sont illettrés.
Mais tout ceci n’est que bagatelles. Avec les cartes de crédit, il paraît qu’on peut désormais tout résoudre. (Voir dossier-guide pp. 28-44). Les établissements émetteurs ne nous l’ont pas spécifiquement indiqué, mais maintenant qu’on y pense, on se demande pourquoi le Trésor public n’utiliserait pas une carte Gold ou Platinum pour régler ses factures jurassiques. Et comme le crédit est “revolving”, on peut s’y adonner indéfiniment à cœur joie. Déjà que les dettes étaient le cadet de nos soucis, maintenant on peut les oublier complètement.
Un autre dossier pour changer de registre, celui du parc auto, nous conduit dans des chemins plus innovants (pp. 54-70). Par exemple, quelque 40 000 véhicules se sont mis à fonctionner au mazout. Plus polluant tu meurs. Mais comment ont-ils pu le faire alors que celui-ci est interdit ? Tout simplement, en se faisant passer pour des machines agricoles (permises celles-ci). En d’autres termes, les Mercedes 1970 fumeuses, que vous voyez escalader la montée Accaoui, sont en réalité des moissonneuses-pelleteuses, au cas où cela vous aurait échappé.
Tout cela s’insère dans une nouvelle atmosphère nationale. Depuis que des mesures gouvernementales, censées doper la croissance, sont lancées l’une après l’autre, on en réclame toujours plus. C’est une vraie accoutumance qui se naît. On ne peut plus se passer de notre dose hebdomadaire de mesures, sous peine de “syndrome de manque” généralisé. On ferait la queue pour notre bol de potion magique. Car hélas, on n’y est pas tombé dedans lorsqu’on était petit.
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