Entre les bonnes et les mauvaises nouvelles, il y a comme une dialectique perverse. Exemple : bonne nouvelle, l’année 2000 est terminée ; mauvaise nouvelle, l’an 2001 vient de commencer. La première avait son lot de temps perdu et d’occasions ratées, à tel point qu’une de nos analyses “bilan” est titrée “Une année pour rien”. La deuxième aura son autre – ou le même – lot de migraines. Car celui qui a inventé ces coupures temporelles nous a imposé non seulement d’acheter un nouveau calendrier, mais aussi de traîner les mêmes handicaps, sans une quelconque prescription entre un 31 décembre et un 1er janvier.
Notre “bilan et perspectives 2000-2001”, une vieille coutume que le CDL reprend cette année, n’est cependant pas un faire-part nécrologique. Il est vrai que les euphoriques étaient plutôt rares parmi la cinquantaine d’acteurs économiques que nous avons interrogés. On a même dû, à certains moments, censurer les gros mots par les coups de sifflet traditionnels.
Mais l’autre partie, “perspectives 2001”, pourrait bien être paradisiaque, à la limite de la décence. Ou du moins “meilleure que l’année écoulée”, selon une majorité d’un échantillon représentatif de la population, dans notre sondage exclusif Ipsos-Stat.
Tout ceci n’est que spéculation ? Peut-être, mais c’est justement l’oxygène qui manquait, la bonbonne qui fait la différence dans un climat de CO2 “récessionniste” de la pire espèce. Chacun y ajoute, dans les analyses successives, son grain de poivre, une sauce fiscale par-ci, une mayonnaise tournée par-là. La moutarde semble même monter au nez de toute la population. Un éternuement national s’en est suivi.
Y aura-t-il un miracle ? Certainement pas. Mais personne n’est d’humeur aujourd’hui à jouer les rabat-joie. Seulement attention, on entend déjà quelques voix ministérielles reprendre la vieille habitude de ressasser, sur les médias, l’ampleur des casse-tête auxquels ils sont confrontés. Alors qu’ils sont payés pour trouver des solutions, et vite. Dur, dur ? Oui. Mais c’est leur problème. Ils n’avaient qu’à choisir un autre métier.
En attendant, ils ont au moins la chance d’avoir la période de grâce et la confiance des grands acteurs économiques – et des petits figurants que nous sommes. Seulement, faire “le mieux possible” n’est plus assez bon.
Car les espoirs ont ceci de commun avec les gouvernements : ils ont une date d’expiration, d’ailleurs de plus en plus limitée. Il n’y a plus rien qui dure. Quelle folle époque. Même les bovins en perdent la tête.