“Créer une entreprise, et maintenant ?! Non mais quel culot ! C’est de la folie furieuse. Vous ne lisez donc pas les journaux ? Pourquoi pas à Chebaa, puisqu’on y est, il y a plein de place et c’est pour trois fois rien. Ou peut-être à Dahr el-Baïdar, avec de préférence une grande antenne pour assurer vos communications d’entreprise”.
Ce sont en gros les tendres propos de quelques-uns de vos amis, qui, pour enfoncer le clou, déballeront volontiers pour vous les derniers cas de faillite, d’impayés, de licenciements. Chiffres à l’appui.
Et vous voilà donc retourné à la case départ, digérant votre frustration, renfrogné et subissant les crises d’adolescence de votre PDG de 20 ans, qui a hérité de la boîte familiale, avec les postes-clés réservés aux cousins, neveux et petites nièces mièvres. En plus, le guide de 14 pages que nous avons préparé à cet effet ne vous servira à rien, sauf à alimenter la sinistrose ambiante.
Mais une voix intérieure, réveillée par quelques autres amis, vous en livre une autre liste de réussites ; des gens pas plus intelligents que vous, “qui font un argent fou”, en exploitant une nouvelle idée, ou en perfectionnant une ancienne. Dans ce cas, des conseils, itinéraires, tuyaux et exemples ne manquent pas dans ce numéro. Ce ne sera pas une partie de plaisir, mais au moins là, au pire des cas, vous serez l’illustre auteur de votre propre faillite, au lieu de subir tout bêtement celle de votre patron. De quoi épicer votre CV plutôt fade.
Dans tous les cas, vous aurez besoin d’un bon dosage de réalisme, d’entêtement, d’imagination, de cran et d’optimisme – béat disent certains, qui insistent pour vous passer leur “blues”.
Et c’est vrai qu’on a du mal parfois à voir venir la moisson dans ce pays, malgré les efforts des uns et des autres de nos responsables qui s’attellent à la tâche. Ainsi va à ce propos la réforme administrative – on y revient puisque notre économiste Kamal Hamdan en brosse encore une fois un tableau plutôt morose (p. 16). Un taux de réussite des tentatives passées qui frôle les 2-3 %. Et des chiffres cauchemardesques en milliers ou dizaines de milliers de fonctionnaires, tatoués excédentaires, embauchés dans un moment de faiblesse.
Et il va falloir trouver le moyen de s’en débarrasser d’une façon ou d’une autre, conseillent les conseillers. À moins bien sûr que leur présence ne soit jugée nécessaire, légale et provisoire.
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