Le monde à l’envers. Ce sont maintenant les médias qui font de la pub aux agences de pub, comme si elles en avaient besoin. (Notre dossier pp. 58-84). Et on les flanque en plus d’un attribut du Tout-Puissant : la création. Avec un comble blasphématoire “le business de la création”. Au commencement était la pub, pourrions-nous nous hasarder à lancer, en imaginant un chaos initial suivi d’un big bang qui est passé presque inaperçu, faute de bonne campagne de promotion sur les Pikasso jaunes et autres satellites. Heureusement, les agences de pub se sont rattrapées ensuite sur des sujets moins grandioses peut-être, mais avec une forme façon Morico.
L’homme, depuis, a bien poursuivi son chemin, en décédant de temps en temps, et, pour compliquer la situation, en vieillissant au préalable. Du coup, les assureurs, tentant de pallier ces petits inconvénients, ont fait leur apparition… puis flirté avec les banques. Et s’en est suivi un vrai mariage de raison, avec un faux extrait d’état civil. Les rejetons, appelés produits banque-assurance, attendent d’être officiellement reconnus. Comme quoi, on est toujours en retard d’une loi (pp. 32-46).
Un point commun quand même à ces deux affaires : un double oscar de performance. On connaît la formule : l’histoire de ces Libanais entrepreneurs-initiateurs-pour-peu-qu’on-les-laisse-travailler. Justement, le pouvoir annonce des mesures dans ce sens (p. 20). Il veut les encourager à s’éclater partout, dit-il. À condition bien sûr qu’un sous-fifre militaire ne bloque pas la République pour empêcher un groupe de scouts de camper rue de l’université.
Cependant, la pub officielle, encore elle, assène en ce moment le message que la poudre est en train d’être réinventée. On en serait à l’avant-dernier test avant son lancement effectif. Nos yeux se braquent sur le labo gouvernemental avec un suspense intenable. Les économistes, qui ont sonné le tocsin jusqu’à la nausée pendant dix ans, guettent les moindres erreurs de manipulation (p. 16). Et ils ne lâchent pas prise : si nous devons casquer 100 millions $ à chaque fois qu’on a à dégraisser une excroissance (comme la TL, p. 24), on aura tôt fait d’épuiser tout l’argent… que nous n’avons pas.
On va encore nous accuser d’être des rabat-joie tatillons éternellement insatisfaits, de vraies pestes de citoyens. Mais non, c’est juste pour constater que ceux qui discouraient toute une décennie croyaient ferme qu’ils gouvernaient. Un peu comme Beethoven qui, selon une boutade, était tellement sourd qu’il croyait toute sa vie qu’il faisait de la peinture.
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