La francophonie économique n’existe pas – encore. C’est dur à avaler, mais il faut bien faire avec. Coincée entre l’Union européenne, les zones de libre-échange de par le monde et l’OMC avec sa “globalisation”, la “zone francophone” aura du mal à se faire un extrait d’état civil. La question donc se résume ainsi : faut-il l’inventer ? Or, comme on sait pertinemment que rien ne se perd et rien ne crée, il reste à transformer quand même un énorme potentiel d’affaires en autant de vraies affaires. Ce potentiel, on le développe en long et en large sur 28 pages, dans ce ”Spécial Sommet francophone” (pp. 38-76). Lequel, sur fond de tragédies américaines et de barbes afghanes, reste, au moment d’écrire ces lignes, un vœu incertain. Le suspense hitchcockien, sauce Mad Max.
Et pourtant, avec ou sans sommet, si tous les investisseurs francophones se donnaient la main, il y aurait une montagne de fric à placer et à faire fructifier. Même si on devait croire seulement la moitié des opportunités d’affaires présentées par les quelque 15 pays francophones qui ont accepté de nous confier leurs projets de développement. En plus du Liban bien sûr, qui est un cas à part.
Pays hôte d’abord, passablement sponsorisé ensuite, il est à part, car il englobe quelques-unes de ces contradictions qui font son charme, selon certains, et sa difficulté d’accès, estiment les autres. Il ressemble quelque peu à un de ces gadgets électroniques sophistiqués qui regorgent de performances, mais dont on ne peut profiter pleinement sans avoir au préalable disséqué le “mode d’emploi” qui vient avec.
Ce numéro du CDL, préparé essentiellement à l’intention des délégations francophones pour les manifestations d’octobre, joue ce rôle. Il est en partie un petit guide de poche sur les opportunités d’investissement dans le pays. Son épilogue dira aux membres de ces délégations : faites confiance au secteur privé libanais, qui est performant et l’a prouvé à travers le monde. On a d’ailleurs parfois l’impression qu’il est plus malléable que le Liban. La distinction est de taille. Car si le Liban est soumis à l’occasion aux agressivités des uns et aux mauvaises humeurs des autres, les Libanais, eux, trouvent généralement les moyens de les contourner. C’est d’ailleurs là leur sport national. Des coupes pleines à l’appui.