Le nouvel impôt est arrivé, baptisé TVA. Trois lettres pour désigner une Taxe sur la Valeur Ajoutée. Des plaisantins, qui ne manquent aucune occasion pour se rendre intéressants, diraient plutôt : Taxe sur Votre Angoisse ; Tout Vampiriser Amicalement ; Très Vicieuse Apothéose ; ou encore Tant que Va l’Anthrax.
Selon d’autres, plus sérieux, cela va évaporer ce qui reste de notre liquidité (p. 22). Et d’après notre sondage Ipsos Stat (p. 32), plus de 80 % estiment que les impôts pèsent déjà trop lourd, et autant de ces vilains citoyens pensent que les recettes sont jetées par les fenêtres des sérails. En guise d’image de marque, l’État aurait donc besoin d’un sérieux lifting, si ce n’est une plastie complète. Même Ben Laden, le 53e du nom, fait mieux en score de popularité. C’est dire à quel point nos contribuables se sentent terrorisés.
Mais puisque la pilule sera quand même avalée à partir du 1er janvier, dans une ambiance de lendemain de fête, nous l’avons disséquée en 40 questions-réponses (voir pp. 24-30) – et on n’est pas au bout de notre peine. Car, malgré tout, votre plombier de garde aura tout le mal du monde à identifier la “valeur ajoutée” dans le calcaire qu’il tire périodiquement de votre robinet fuyant. Et le boucher qui ligote votre rôti, je le vois d’ici en train de se demander si le prix de la ficelle inclut une TVA à récupérer auprès d’une filature voisine qui l’a importée d’un pays auquel nous lie un accord de libre-échange limité et de prévention de la double taxation dans le cadre d’un partenariat Euromed.
Ceci dit, maintenant que 10 % de notre richesse – c’est le taux de la TVA – est en passe d’être ponctionnée, voyons si on peut en récupérer une partie. Là, on a le choix, heureusement dans ce même numéro. (La rédaction fait bien les choses). Il y a d’abord les produits boursiers, encore eux, proposés par nos sociétés financières (p. 42). C’est vrai, dira-t-on, que la Bourse suit doucement l’itinéraire du 110e étage du WTC ; mais au moins nos financiers ont eu la présence d’esprit de prévoir des parachutes antibaisse particulièrement efficaces.
Autre alternative, notre Casino du Liban (voir p 34), qui déroule ses tapis verts, avec l’éventualité douteuse d’un gain pour les joueurs. Mais c’est parce que ceux-ci n’ont peut-être pas misé sur le bon croupier. Grâce à des trafics d’influence bien placés sur un bon numéro politique et voisins, on peut facilement s’assurer une pension à vie. Quelques centaines l’ont testé pour vous.
À partir de là, rien n’empêche d’étendre à l’infini le spectre des paris. Et, pour revenir aux ponctions fiscales, parions qu’il y en aura toujours plus. Là au moins le pari aura toutes les chances de sortir gagnant. Fallait y penser.