Le problème évident avec l’économie c’est que tout y est imbriqué. Une seule dent usée dans le mécanisme le bloque ou le fait tourner à vide. Prenez ce numéro – on n’a pas fait exprès –, il illustre bien cette vicieuse interdépendance.
Il y a d’abord les concessionnaires auto, légitimement perplexes sur leur avenir d’agents, et pris pour des oranges pressées tellement votre voiture est taxée (voir p. 54). Mais d’un autre côté, il faut bien que l’État puise de l’argent pour rembourser l’argent qu’il doit à des prêteurs de moins en moins conciliants. Cependant, ces banquiers prêtent toujours aux acheteurs de voitures (p. 60) de quoi ranimer les concessionnaires cités ci-dessus. Et ils financent par la même occasion les taxes phénoménales y relatives. Ce qui revient à financer indirectement l’État, cité également ci-dessus (mais un peu plus bas que les concessionnaires).
Les salariés exsangues dans tout ça cherchent, eux aussi, des ressources introuvables (voir l’entretien avec Ghassan Ghosn p. 82). L’idée de Ghosn est qu’avec plus d’argent on consomme plus, ce qui fera le bonheur des entreprises. Faux, rétorquent tous les autres. Les importations vont augmenter, les balances fléchir et les entreprises s’étrangler, déjà que leurs comptes sont rouges écarlates chez les banquiers, les mêmes cités quelque part entre la 5e ligne et le 2e paragraphe.
Sans compter la TVA, qui n’arrête pas de sécréter des décrets d’application, un mois après son application (voir les détails p. 64 et l’analyse p. 14). Là, tout le monde se passionne. Les importateurs, les CGTLiens, les étatophiles – et phobes. Pas une mankouché qui n’ait été présentée en Conseil des ministres pour statuer sur son sort. Une odeur rustique de thym a envahi le siège du Conseil, avec parfois un reflux gastrique ministériel dû au sumac frelaté. Car, il n’a plus d’agent exclusif qui veille sur sa qualité.
Un peu de démence précoce dans tout ça ? Antoine Messarra, professeur émérite s’il en est, a justement parlé dans un récent article du changement de la perception psychologique du citoyen vis-à-vis de l’impôt. En gros, comme la TVA est inscrite en flagrant délit sur chaque facture, le citoyen la ressent quotidiennement – une sensation presque physique.
Là, on peut prendre ses responsabilités de citoyen en exigeant des comptes sur les comptes de l’État. Ce qui est légitime et louable. Deuxième choix : se sentir condamné par le système et attendre la peine capitale. Ou encore tenter de comprendre la logique de tout ce mécanisme. Mais là, vous risquez de vous gratter les méninges à perpète.
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