Il n’aura échappé à personne, le monsieur au gros cigare pavoisant sur les panneaux de la ville. Du haut de sa carrure irréelle de 4 x 3 m, il a l’air d’interpeller le pauvre bougre qui, à force d’économie, a accumulé dans son compte les 3 000 $ fatidiques, qui lui donnent droit aux 10,25 % au lieu des misérables 4 % que son banquier a bien voulu lui concéder, par la grâce de sa femme qui connaît le cousin du guichetier à la succursale du coin. Et «c’est un vrai cadeau, car, lui explique-t-on, Alan Greenspan a asséné un coup mortel aux rendements du dollar». Lui, qui ne se connaissait pas d’ennemi, a quand même été étonné de cet acharnement fédéral américain à son égard.
Mais bon, il croyait que la solution était maintenant tout trouvée… lorsque des financiers futés lui recommandent «de faire attention !». Comprendre, par un langage plus agricole, qu’il ne faut pas mettre tous les œufs dans le même panier, même s’il est appelé «souverain» (voir notre guide placements pp. 26-42).
On n’a plus donc qu’à dormir pour devenir riche ? Faux, rétorquent des investisseurs balnéaires. Avec des Oceana, Bamboo Bay et autres Voiles Bleues, ces voyeurs pervers réinventent chaque jour une nouvelle Silicon Valley. Et ça marche. Si bien que cet or couleur bronze risque de doper encore plus un tourisme en ébullition. (Voir notre dossier pp. 58-72).
À moins que vous n’ayez encore la nostalgie incorrigible de l’immobilier. Cette fois, c’est le Metn qui est à l’honneur (voir p. 74). À part les remblais, désespérément vides, chez Joseph Khoury, les derniers lopins stratégiques sont disputés par les géants du commerce (voir p. 78). Sans oublier les occasions inratables du côté de la voie express du Metn (voir son parcours p. 77), la toute nouvelle autoroute Présidentielle qui vous emmène, où que vous soyez, en 10 minutes à Baabdate.
Mais, pour d’autres, le jeu est autrement plus sérieux avec les comptes juteux du cellulaire (p. 22). Là, c’est encore la maladie de l’hypertension au sommet qui prévaut, baptisée en l’occurrence «cellulite» par quelques plaisantins peu respectueux de nos traditions nationales. Mais tout cela c’est du passé, maintenant que le calendrier a été arrêté à la minute près, avec un fatidique 31 août à minuit pour boucler le tout. On l’a écrit noir sur blanc, puis promis-juré que c’est sérieux.
Parce que, depuis le temps qu’on en parle, il y va des privatisations comme des histoires de Nostradamus : tout le monde veut y croire mais personne n’y a rien compris.