Vous avez remarqué ce monticule de dollars amassés à votre intention sur notre couverture ? Nous l’avons voulu comme un réconfort vivifiant en cette période de pénurie. Encore faut-il l’identifier ; la relativité étant la chose la plus absolue ces temps-ci. Glanons quelques solutions à l’énigme, caricaturalement tirées de notre grand dossier sur la dette publique (voir pp.16-33). Cet argent représente donc :
- L’épargne nationale ?
- Les dettes de l’État ?
- Les dépenses ? Les recettes ? Les dépôts ?…
Ou bien est-ce l’amalgame de tout cela :
Ce serait ainsi votre argent épargné, puis placé dans les banques, piqué par l’État, repris par les fonctionnaires, dépensé sans compter (aux sens propre et figuré), réemprunté par le Trésor, placé auprès des Malais, payé en intérêt, reéchoué dans les banques, hypothéqué par la BDL, nationalisé, reprivatisé, bloqué dans un “compte spécial”, titrisé et séquestré pour payer des factures à ceux qui n’en ont jamais émis.
D’autres ne font pas dans la dentelle ; ils diraient tout simplement : regardez bien ce monticule d’argent, car c’est la dernière fois que vous le voyez.
Parce que les illusions d’optique, c’est ce qui a de plus fréquent sous un soleil estival de plomb. Des entrepreneurs et des hôpitaux en ont fait l’expérience : c’est un peu comme ce film récent où un chef, qui avait urgemment besoin d’une marchandise, commande à son assistant de proposer un million de dollars aux fournisseurs. «Mais chef, lui dit celui-là, nous n’avons pas cet argent». L’autre rétorque, furieux : «Je ne t’ai pas dit de payer, mais de proposer un million de dollars».
Évidemment, tous les concernés que nous avons interrogés ne pensent pas de cette façon. Il y a pire ! Mais il y a également des ministres des Finances, actuel et précédent, qui se complètent dans une série d’approches pragmatiques de sauvetage. Malgré leur disparité presque chimique.
D’autres se mobilisent, chacun à sa façon : des banquiers qui s’arrachent les cheveux parce qu’ils se transforment en antidépresseurs publics ; des économistes qui rechignent contre leurs ex-profs de Harvard qui n’ont pas prévu un tel cas d’étude ; une masse de citoyens qui s’argentinisent, alors qu’ils n’ont jamais fait un pas de tango…
Jusqu’au résumé lapidaire du président de l’Association des banques : le défi de l’État n’est pas d’inventer de nouvelles idées, mais de pouvoir appliquer rapidement les solutions qui sont déjà connues.
Autrement dit, on a toujours le phénomène des têtes carrées qui s’entêtent à alimenter des cercles vicieux. C’est pour cela qu’on l’appelle d’ailleurs la quadrature du cercle.
Déjà abonné ? Identifiez-vous
Les articles de notre site ne sont pas disponibles en navigation privée.
Pour lire cet article, veuillez ouvrir une fenêtre de navigation standard ou abonnez-vous à partir de 1 $.
Pour lire cet article, veuillez ouvrir une fenêtre de navigation standard ou abonnez-vous à partir de 1 $.