Nous avons le plaisir de vous présenter ce mois-ci l’un de nos numéros les plus riches. Un petit calcul mental, rien que sur la couverture, vous en convaincra. Le Walid ben Talal : 20 milliards $. Les banques libanaises : 50 milliards $. Avec donc 70 milliards sur une seule page cartonnée, on en arrive à un record absolu, Guinnessable à la limite. Dix fois le budget de l’État libanais, par comparaison. C’est presque insolent, même si notre État n’a pas exactement la réputation d’être une référence en matière de finances.
Mais regardons de plus près. Al-Walid, prince saoudien de son état civil, libanais par naturalisation, investisseur génial par les standards de Forbes, fait subitement irruption sur la scène locale : un Mövenpick par-ci, un laïus tonitruant par-là, un Four Seasons pour boucler l’année, une dissémination dollarisée dans quelques médias… et peut-être une présidence de Conseil à l’horizon. Mais que tente-t-il donc de faire dans ce bourbier ? Certains disent une espèce de blitz, d’autres un retour aux valeurs et positions “solhiennes”, maternelles et grand-paternelles comme il se doit. Quoi qu’il en soit, rien ne peut être écarté, puisque dans ce pays, probablement comme dans d’autres, avec 20 milliards, on a les moyens de sa politique. Notre dossier (pp. 76-84) fera un preview sur une mégaproduction à venir.
Pour rester dans l’ambiance calfeutrée des coffres-forts, les banquiers nous confient leurs plans anticrise (dossier pp. 30-57). Ou, en gros, comment réussir le tour de force de faire des profits sans prendre davantage de risques. Stratégie : un œil sur les canards boiteux des entreprises, un autre au-delà des frontières, un troisième (oui, ils en ont plusieurs !) sur les consommateurs surendettés et un quatrième œil, au niveau de la vertèbre cervicale, sur les comptes de l’État créancier à la veille d’un Paris II.
Un pari que le Premier ministre, fort d’un Chirac avenant et obligeant comme on n’en fait plus, tient en bandoulière tout au long de ses 3 000 km par journée moyenne, en déclamant avec emphase à qui veut l’entendre des nantis de ce monde que, bon, si on a creusé au marteau-pilon un abîme de 30 milliards en 10 ans, ce n’est pas une raison pour nous bouder, et que la prochaine décennie on fera attention à notre argent de poche.
Mais comment on en est arrivé là – à quémander les largesses des financeurs-sans-frontières ? C’est simple, nos responsables ont cette fâcheuse manie de confondre ce qu’ils font, ce qu’ils savent faire et ce qu’ils croient savoir faire.
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