Top chrono, un délai de sursis commence à courir. Sursis, comme une “période de répit”, selon Le Robert. Qui a l’air d’avoir été soumis à des pressions chiraquiennes. Ou mieux encore comme une “dispense d’exécution“, selon Le Larousse, dont le jeune patron semble avoir bénéficié d’une bourse d’études de la Fondation Hariri. Nos dirigeants, eux, préfèrent parler d’un “cercle vertueux”. Vous savez, ce rond, qui était très vicieux il y a quelques jours encore, et qui, depuis le 23 novembre au soir, s’est refait une virginité à l’odeur de sainteté. (Voir nos perspectives 2003 pp. 12-32).
Pourtant, dans toute cette affaire, d’autres options existaient. Par exemple, il aurait été tellement plus simple de recourir à une petite loi qui stipule tout bêtement la “suppression de la dette publique”. Comme l’a promulguée le Parlement pour vos dettes d’électricité (détails p. 9). Ou de fermer manu militari les banques et autres boutiques des créanciers, comme l’a fait la milice du président de ce même Parlement pour les pubs de la ville. C’est bête, mais il y a comme ça parfois des solutions tellement évidentes qu’on passe à côté sans les voir.
Maintenant, ce qui est fait est fait. Mais les citoyens, moins ploucs qu’ils n’en ont l’air, broient toujours du noir. Le Secam, ils n’ont pas entendu parler. Notre sondage annuel Ipsos Stat sur le moral des ménages n’est pas franchement rose lilas (résultats complets p. 20). Ce qui n’empêche pas, par exemple, un Émirien Habtoor, euphorisé par un succès bien mérité, de casquer 100 millions sur 100 millions, pour être présent là où il faut, au moment où il faut. (Dossier Liban-Golfe pp. 56-69). Et il est loin d’être le seul. Voilà notre Abchee national qui réédite son monument BHV de Jnah, à Jdeidé. Juste à côté – simple hasard de la géographie – du monument sportif appelé Murr. Le bon. (Détails du projet p. 54).
Donc, pour cette fin d’année et le début de l’autre, c’est un peu l’occasion de relativiser. Et nous avons opté de contribuer à l’effort national de recapitalisation à intérêt 0 %, par une poignée de sages résolutions, à consommer sans modération dès votre réveil festif la tête en compote. (Voir p. 80). À commencer par celle-ci qui pourrait freiner votre intempestive propension à cogner sur tel ou tel dirigeant répétiteur : «N’attaquez jamais un homme pour les idées qu’il n’a pas ; vous les lui donnerez».