Je ne sais pas ce que font les banquiers pour se retrouver toujours en première ligne. Sous prétexte qu’ils sont bailleurs de fonds urbi et orbi. Mais cette ubiquité est-elle justifiée, en l’occurrence pour financer vos besoins ou envies ? (Voir notre guide pp. 38-49). Signe de ces temps incertains, notre titre en couverture est une interrogation. À laquelle on aurait pu ajouter un point d’exclamation (“Prêts personnels : les banquiers plus coulants ?!!!”) – si seulement ils ne risquaient pas de mal le prendre. On les dit tellement susceptibles, ces derniers temps, que je risque moi-même, à l’occasion d’un éditorial bête et méchant, de perdre mon crédit “revolving”…
Et je ne suis pas le seul ; voilà le revolving étatique qui a gagné cette année une nouvelle vie. À la manière d’un “Die Another Day”, qui vient d’ailleurs après… “You Only Live Twice…” ! Une seconde vie financière que Siniora tente donc de prolonger par un aspirateur fiscal modèle 2003. Un vrai Hoover dernier cri ; vous voyez, le genre frénétique et déchaîné qui se faufile partout. (Voir les chiffres du budget 2003 p. 14 et l’analyse fiscale p. 15).
Pourtant, d’autres voies inexplorées sont à portée de main – du ministère des Finances lui-même d’ailleurs. Par exemple le Loto, qui vient de passer à deux tirages par semaine. (Voir p. 60). Si on y ajoute la Loterie, le prochain Loto sportif, Malayeen et autres Match-Scratch lucratifs, on peut arriver à des gains hebdomadaires phénoménaux. De quoi rembourrer le vacuum du Trésor.
Voilà donc un diagnostic différentiel hautement alarmant mais suivi d’une thérapeutique efficace, serait-on tenté de dire – si les médecins avaient la tête à ça. Les médecins au sens propre cette fois. Eh oui, les fraîchement sortis des labos ont d’autres souris blanches à fouetter, accumulent euphorisants et stimulants et recalculent le ratio “retour sur investissement” de leur bac+12. (Voir p. 84). Avec une activité de moins en moins lucrative, ils se demandent s’ils n’avaient pas mieux fait d’interner ailleurs. Mais bizarrement, ceci n’empêche pas 400 nouveaux diplômés de rejoindre le tas chaque année…
Parce que dans ce pays – et dans ce numéro – il y a comme ça des phénomènes parfois inexplicables. Et qu’on ne peut tout simplement pas empêcher : Georges Frem et Fadi Abboud de croire à… l’industrie (p. 18 et p. 74), nos consommateurs de priser l’italien (p. 64), nos banquiers de perdre leur temps en Syrie (p. 92), et Mahmoud Hammoud de faire des gaffes. Allez savoir pourquoi.