Maintenant qu’on commence à décrocher des affaires juteuses avec l’Irak, voilà qu’on va nous l’aplatir. Les Bush, qui se sont découverts un penchant irrésistible pour le politiquement correct, prennent toute lime à ongles de plus de 3 cm pour une arme à destruction massive ; logique, ça peut abattre massivement toute une population si on prend le temps nécessaire. Quant à nous, cela faisait des années que nos industriels ramaient sur l’Euphrate, en faisant le détour par le Barada, de sorte que nos canoës ont fini par atteindre un rivage un brin fertile pour nos fabriques en mal de débouchés. (Voir p. 58).
Évidemment, on peut toujours se rattraper sur l’Europe au cas où. (Voir notre dossier Euromed pp. 18-32). Plus de 400 millions d’affamés, en crise aiguë de manque, attendaient depuis longtemps nos fruits et petites boîtes de hommos. Seulement voilà, on n’avait pas idée qu’ils étaient aussi tatillons. Mais pathologiques ! L’un qui se pique d’un puceron parce qu’il a trouvé un excès d’insecticides dans notre raisin. Un autre qui entrevoit un soupçon de salmonelle – mais littéralement microscopique – dans un bocal de téhiné. Des “certificats” qu’ils veulent les paranoïas. Alors que nous, on en a englouti des quantités au petit déjeuner et on s’en porte pas plus mal que d’habitude. Manquait plus qu’on désinfecte nos hommes d’affaires accourus pour signer des contrats.
Alors, il y en a que ça impressionne toutes ces incertitudes. Pas Riad Salamé. (Voir interview p. 42). Lui, déjà au moment où ses réserves se limitaient aux boucles d’oreilles de ses assistantes, était placide comme pas courant chez les terrestres ; alors, il peut souffler maintenant et le fait savoir, en conviant nos producteurs à jongler avec l’argent des banques. Ou ce qui en reste, maintenant qu’on les a pelées et empaquetées en douce.
N’empêche que l’argent, c’est connu, n’a pas davantage de valeur chez nous. On n’est pas matérialistes… pour un sou. On en distribue à profusion. Prenez l’armée : selon les rapports de la réforme administrative (voir p. 34), elle réussit le tour de force de nous ponctionner près de 1 milliard par an – sans s’acheter un lance-cailloux. Et les FSI alors, avec leur taux de soins hospitaliers monté en flèche jusqu’à 44 % ; soit 5 fois la moyenne nationale. Ce n’est plus une épidémie, c’est un ethnocide, une extinction d’espèce chez nos porte-carabines. Le WWF (World Wildlife Fund) devrait s’en occuper d’urgence, juste après les ours polaires. C’est notre biodiversité qui est en jeu.
Ou bien alors c’est tout notre écosystème qui a été irrémédiablement cellularisé.