Pourquoi AXA, un géant français, européen et mondial de l’assurance, serait-il intéressé par un marché aussi réduit que celui du Liban ou même de la région du Moyen-Orient ?
Nous n’avons pas encore les chiffres définitifs de 2002, mais déjà fin 2001, à l’issue d’une année difficile pour le secteur de l’assurance, le chiffre d’affaires réalisé par AXA a atteint 74,8 milliards d’euros et les actifs sous gestion représentent la somme faramineuse de 910 milliards d’euros.
Des chiffres qui ont dû interpeller nombre de nos citoyens, un peu incrédules devant de tels pactoles étalés sur les grandes affiches de la ville. Et cette campagne publicitaire, unique en son genre, a coïncidé avec la visite au Liban de Philippe Donnet, membre du comité exécutif d’AXA, soit un des hauts dirigeants de ce leader mondial de la “protection financière”. Un terme qui englobe les assurances dommages, vie-épargne-retraite, la gestion d’actifs et la réassurance.
«C’est parce que nous croyons au potentiel de développement de l’économie libanaise et de la protection financière au Liban que nous apportons à nos partenaires notre savoir-faire pour lancer de nouveaux produits et conquérir de nouveaux marchés», dira, pour expliquer sa présence, Philippe Donnet.
En guise de partenaire, M. Donnet faisait évidemment référence à AXA Middle East, détenue depuis 1999 par AXA à 51 % et par le groupe Nasnas & Hanemoglou à 49 %, et présidée par Roger Nasnas. En réalité, ce partenariat datait depuis plus de 100 ans, avec à l’époque la présence d’UAP, rachetée depuis par AXA. Actuellement, AXA M.E. détient un portefeuille de 28 000 polices et 23 millions $ de primes, ce qui la place parmi les cinq premières du pays.
Mais Philippe Donnet veut aller au-delà, au Liban bien sûr mais aussi dans la région. Une région bien difficile, car ses réglementations commencent juste à être assouplies. Donc là aussi, on parle en termes de “potentiel”, même s’il est considrable, et là aussi AXA devra compter sur son partenaire libanais «en qui nous avons confiance pour relever les défis de ces nouveaux marchés».
Lequel partenaire est convaincu aussi que «à partir du Liban, nous pouvons atteindre les pays du Levant et les autres pays arabes… ce qui constitue une motivation de plus pour attirer les investissements», selon les propos de Roger Nasnas. Des propos recueillis au cours d’un déjeuner-débat auquel ont été conviés tous les concernés par cette industrie au Liban. Avec, à leur tête, le ministre de l’Économie Bassel Fleyhane. Un ministre dont les idées d’ouverture et de légifération adaptée sont bien connues, y compris et surtout dans l’assurance : «Notre rôle en tant que gouvernement est de fournir l’environnement légal transparent qui facilite le développement (des grandes entreprises multinationales) et leur succès», déclame-t-il pour encourager AXA à poursuivre son action au – et partir du – Liban.