Même à 5 000 $ le mètre carré – par exemple sur le front de mer face à la
nouvelle marina –, tout le monde se croit obligé de se sentir concerné par
ce satané secteur immobilier. Y compris ceux qui ont juste de quoi acquérir
quelques décimètres. Car il y va du foncier comme du gouvernement : tout le
monde en a entendu parler, mais peu voient comment ça peut être utile. Et ce
n’est pas toujours aisé d’en tirer profit, si vous n’avez pas hérité d’un lopin bien
placé, acquis jadis par votre oncle Albert, que Dieu ait son âme. Parce que, évidemment,
n’est pas Solidere qui veut. (Voir notre dossier pp. 46-69).
Mais, même si vous ne faites pas partie de ces privilégiés, restent quand même
des moyens pour se faire de l’argent de poche. Dont deux voies mises en relief
tout récemment : d’abord, je ne sais pas si vous l’avez remarqué, mais on a relevé
notre PIB, trois lettres qui résument notre richesse nationale. Avec l’aide des
Français et leur Institut de statistique, nous voulions à tout prix savoir comment
on peut dépenser toujours plus alors que nous produisons de moins en moins.
N’empêche que nous voilà, du jour au lendemain, moins pauvres qu’on en a l’air.
On a gagné 5 % en 24 heures, sans aucun effort, et même 20 % si l’on prend en
compte le “revenu disponible”, soit l’argent prêt-à-payer. (Voir les chiffres p. 10
et l’analyse p. 22). Une manne extraordinaire qui nous est tombée du ciel de
l’INSEE. Ce qui nous permettra donc un petit écart de dépense.
La deuxième façon – immobilière – de s’enrichir
nous a été soufflée en pleine pagaille
du Conseil des ministres du 22 mai : se faire
exproprier par l’État. Résumons le mode
d’emploi : votre terrain à Kfarchouba, qui
valait pratiquement le prix du thym sauvage
qui y poussait, vaut maintenant de l’or, puisque l’État – si vous avez un bon parrain
– peut se l’approprier. Pour quoi faire ? Oh ! Les raisons ne manquent jamais :
un palais omnisports pour revigorer les 19 quinquagénaires du village ; un grand
sérail pour satisfaire les besoins administratifs pressants des 30 émigrés du patelin
lorsqu’ils viennent y passer l’été les années bissextiles ; une autoroute à 2 x 3
voies pour accéder facilement aux poulaillers du coin…
Alors, pour ceux qui se demandent encore comment un gouvernement peut être
utile, rendez-vous les jeudis après-midi près du Musée ; vous trouverez les argentologues
en action. Ça vaut le détour.
Une manne extraordinaire
qui nous est tombée
du ciel de l’INSEE
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