Il n’y a pas d’entreprises performantes, il y a des hommes performants qui passent
d’une entreprise à une autre, se plaisent à dire les gourous du management
(voir leur portrait p. 74). En tout cas, pour gérer son business, il y a deux
méthodes : se contenter de coasser dans la mare au diable des difficultés d’investissement.
Ou honorer nos «6 000 ans de mondialisation», selon le pavé du
ministre Marwan Hamadé à Cancun.
Pour ce, il vous manque peut-être juste un petit ingrédient : l’argent. Mais les
banquiers (p. 48), tatillons comme ils sont, il faut encore leur prouver que votre
projet n’est pas uniquement le fruit de l’intuition infaillible de votre charmante
épouse. Ils ne sont même plus impressionnés, les blasés, par votre nouvelle BMW
Série 5. Il leur faut, disent-ils, une «bonne renommée». Traduire : vous ne pouvez
plus faire un chèque sans provision de 310 millions de dollars, sans que votre
réputation ne soit scandaleusement jetée à l’anathème public et à la férocité d’un
Adnan Addoum.
Les banquiers pourraient également exiger des garanties basées sur votre
patrimoine immobilier. À moins que votre terrain n’ait été l’objet d’un décret
d’expropriation pour tracé de route, car un ministre zélé des Travaux publics
a cru bon en 1954 de faire passer une
autoroute pour arriver à son ranch.
Laquelle autoroute, 49 ans et 34 ministres
plus tard, n’a jamais connu un début d’exécution,
et l’encre rouge a fait tache d’huile
sur votre registre foncier (voir p. 60).
À propos de registre, celui de votre QI,
exceptionnel et prouvé par votre double diplôme MIT-Harvard, ne vous sera
d’aucun secours si vous n’êtes pas doté d’une “intelligence émotionnelle” (voir
p. 72). Encore une idée inventée de toutes pièces, histoire d’expliquer, à ceux
qui s’en foutent totalement, pourquoi vous n’avez pas pu devenir un Adnan
Kassar (itinéraire p. 64).
Ou une Nayla Moawad, oui la même, qui, avec pratiquement rien, fait fonctionner
à merveille des centaines de producteurs de lait et d’huile d’olive (p. 78), alors que
d’autres stockent encore dans des fûts la production de l’avant-dernière année.
Tout cela c’est un peu l’histoire de ce ministre des Finances qui cherche à justifier,
encore une fois, pourquoi son budget ne colle jamais à la réalité (voir
l’analyse p. 14). Mais les gourous du management, encore eux, ont toujours le
dernier mot : Si vous ne savez pas où vous allez, vous allez vous retrouver
sûrement ailleurs.
Il faut prouver aux banquiers
que votre projet n’est pas
le fruit de l’intuition infaillible
de votre épouse
C
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