C’ est parfois salutaire ces articles-dossiers qui vous expédient ailleurs. Par
exemple, vu cette petite grisaille caractéristique des Conseils des
ministres à répétition, on a cru bon de faire une virée par la Suisse.
Carrément. (Voir dossier p. 66). C’est tellement plus relaxant, clair, net – et précis
comme un quartz. Ensuite, depuis qu’elle a usurpé notre réputation de Suisse
de… quelque part, il y a de quoi aller récolter au hasard quelques-uns de leurs
secrets d’affaires, après avoir piqué le bancaire.
C’est un peu à la manière d’Astérix chez les Helvètes. La potion magique en
moins. Justement cette potion dont on a vraiment besoin maintenant : c’est ce
que se tuaient à nous dire l’autre jour nos financiers rassemblés pendant deux
heures autour d’une table ronde publique. (Voir notre compte rendu p. 34). Le
sujet n’était pas : qui va prendre quoi dans le petit gâteau du budget 2004. Car,
dit un frondeur, c’est un “hors sujet”. Donc zéro pour le devoir. Et zéro de conduite.
Ce qui nous donne une arithmétique pas très compliquée.
Alors autant aller ailleurs. Mais où ? Pas chez les cigarettiers : on s’époumone à
leur dire qu’on veut titriser un brin de Régie. (Voir p. 80). Et tout ce qu’ils s’intéressent
à faire, c’est de nous aider, soupirent-ils, à pulvériser la contrebande ou
la contrefaçon. Autant dire notre gagne-pain
quotidien. Il y a des fois vraiment où on a
envie de lancer des cendriers dans le vitrage.
Encore ailleurs ? Une excursion peut-être du
côté de la CNSS. L’idée, un peu saugrenue
sans doute, est de se faire rembourser les
derniers médicaments de tension, que votre
père vous a léguée pour toute fortune. C’est d’ailleurs le moment de le faire
depuis que le patron de la Caisse vous a annoncé la sécheresse prochaine de ses
deniers. (Voir p. 96).
Et c’est là qu’apparaît une solution miracle proposée par une charmante lectrice :
pourquoi ne pas généraliser le système “Journée de la pomme” à l’ensemble de
nos tracas congelés. Mais comme tout n’est pas croquable à pleines dents en
Conseil des ministres, il va falloir trouver d’autres ingurgitations. Ainsi, pour être
équitable, on pourrait très bien, lors des prochains Conseils, mastiquer des
feuilles de tabac, puis boire en infusion les feuilles de maladie amassées depuis
des mois à la Caisse, ou encore se faire injecter en intraveineuse du jus de betterave
non subventionnée. Bref, plein de couleuvres à avaler.
Pourquoi ne pas généraliser
le système “Journée
de la pomme” à l’ensemble
de nos tracas
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