Bien sûr, vous pouvez très bien continuer à végéter dans votre quotidien
atone, genre loto-boulot-dodo ; c’est votre droit le plus absolu de rester une
quantité négligeable dans votre coin. Ou bien alors de vous éclater avec
notre feuilleton de “télé-réalité”, agrémentée d’une pasionaria pulpeuse. Rien de
tel, en tout cas, qu’une petite – ou grande – “affaire” pour donner un peu de peps
à notre vie nationale, irréparablement apathique – si ce n’était les discours présidentiels
transcendants de temps en temps. Au terme de chaque épisode, on en
oublie presque nos fins de mois difficiles : qu’est-ce que c’est en fin de compte
500 $ de déficit sur votre budget mensuel, à comparer avec le “trou” de 300 millions
$ d’al-Madina ? Ou encore votre légère infraction au code des impôts qui
vous a économisé 2 000 $ ? Il y a de quoi avoir honte de votre petite mesquinerie
de petit boutiquier. Pour émerger donc de ce destin pitoyable, nous vous proposons
le dernier programme à succès, en 20 épisodes d’un coup. (Voir p. 24).
C’est vivifiant, ludique, et ça colle bien avec l’ambiance délétère générale. Puis,
avec les limousines, hôtels, yachts qu’on a dépistés dans cette intrigue, c’est
assurément une belle plongée dans ce luxe tellement convoité.
Du luxe, on en voit d’ailleurs partout ces temps-ci, et pas fatalement louche
comme ci-dessus – même si ça aide (voir pp.
52-67). Des dizaines d’adresses de la fine
fleur des Gucci et autres Versace, à vous donner
envie, chers consommateurs, de vous
emparer d’une banque de la place, et si ce
n’était ces trouble-fête de la Commission de
contrôle des banques, qui ne laissent pas des
gens un brin ambitieux vaquer à leur petit shopping. C’est inhumain à la limite.
Évidemment, on peut se rabattre, par dépit, sur la culture. Vous savez, cet “avantage
comparatif” typiquement libanais, dit-on, source de notre richesse historique,
notre hydrocarbure avec des réserves prouvées inépuisables ; de quoi
concurrencer Dubaï. Sauf qu’un grand publicitaire de la place argumente que, justement,
il n’y a plus de quoi en faire une réclame, et qu’on est déjà en plein dans
la nuit des “publivores”. (Voir p. 82).
Reste le vin qui, à défaut de nous sauver d’une éventuelle frustration, nous
emmène ailleurs (p. 68). Doublement : sur les marchés de l’export et sur la voie
de l’amnésie passagère.
Pour la permanente, il faut se rappeler peut-être cet adage : «Il n’appartient
qu’aux grands hommes d’avoir de grands défauts». C’est peut-être pour cela
qu’on compte tellement de candidats à la grandeur.
Vous pouvez vous éclater
avec notre feuilleton
de “télé-réalité”, agrémentée
d’une pasionaria pulpeuse
C
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