Une question à trois bons du Trésor : avez-vous déjà entendu parler du e.gouvernement
? Comme tout problème, il vaut mieux le découper pour le
résoudre plus facilement. D’abord “gouvernement”. Que vous connaissez –
ou croyez connaître. En apparence, il s’agit d’une trentaine d’êtres humains, toujours
masculins, prolongés d’un fatras de dossiers, qui suivent le rituel de s’assembler
autour d’une table chaque jeudi, un peu à l’heure de la Loterie nationale
sur TL, avec un laptop en face de chacun d’eux, et un communiqué final pour le
digestif. Ce qui nous donne un tuyau ou plutôt deux d’un coup : le laptop pour le
“e” et la loterie pour les résolutions.
En tout cas, l’output est e.tonnant. En guise de e.gouvernement, on y trouve aussi
bien un “informs.gov.lb”, avec ses centaines de formalités décortiquées. Du vrai
travail de pro. Qu’un site du ministère du Tourisme, où l’on consulte en plein août
2002 rien que le programme du festival de Baalbeck de 2001 ! e.poustouflants
ces sites qui ont toujours besoin d’une mise à année (voir notre dossier informatique
pp. 52-71).
C’est pour dire que dans cette contrée, on a toujours l’occasion de tomber de
haut, si on cherche bien, en sombrant par exemple le long du toboggan kamikaze
le plus trou noir, comme celui qui a coûté la peau des fesses à 4 investisseurs
casse-cou (voir le business des parcs aquatiques p. 72).
Mais tout n’est pas aussi hasardeux. Prenez
la livre : à chaque moment où elle fait semblant
de chavirer, on la réanime à coup
d’adrénaline synthétique. On assiste ainsi
tous les quelque temps à une formidable
“Near-Death-Experience” que même notre
économiste, pourtant pas né de la dernière
inondation, n’arrive pas à démêler (voir l’analyse
p. 18).
Et l’on vous assure du côté des banquiers
qu’ils n’y sont pour rien. Pris par un excès de prudence parano, ils ne proposent
plus rien, ou presque, ni au souverain ni à ses sujets (voir les dernières statistiques
p. 26). De sorte qu’on a décelé un début de pourrissement des liquidités
dans les chambres fortes souterraines. N’empêche que le souverain en question
doit pouvoir puiser l’argent quelque part.
Mais l’argent existe, rétorque une source européenne anonymisée (voir p. 20) ;
simplement passez-nous – à votre bon coeur Monsieur le ministre – un petit projet
à mettre sous la dent. Et nos traditions chaotiques alors ! Dixit le même e.gouvernement
digitalisé.
À peu de choses près, c’est l’e.preuve par 30.
Un site du ministère
du Tourisme, où l’on consulte
en plein août 2002
rien que le programme
du festival de Baalbeck
de 2001 !
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