Nous avions l’embarras de choix pour notre sujet de couverture. D’aucuns
nous ont conseillés d’analyser les priorités économiques du second mandat
Lahoud. Il y a des quantités de raisons de le faire, disaient-ils – exactement
1 559 arguments. D’autres, qui suivent les faits divers de l’actualité, soutenaient
qu’il y avait en chantier un projet de gouvernement – nouveau, ont-ils jugé utile
de préciser. Et qu’il fallait donc, à supposer que leur thèse soit avérée, se concentrer
sur ses éventuelles actions futures. Après mûre réflexion, nous avons choisi
Nawal el-Zoghbi. Ce n’était pas tant pour sa frimousse – agréable du reste –, car
ce n’est pas exactement notre spécialité. Mais parce que ce secteur artistique
génère autant de recettes que la direction générale des Douanes. (Voir p. 44).
C’est vous dire. Entre studios de production, usines de CD, concerts, agences de
pub, radios, télés, producteurs de vidéo-clips… on en arrive à des montants
colossaux – et des rapprochements étonnants. À titre indicatif, cette industrie
semble plus équitable que le procureur général près la Cour de cassation ; moins
risquée que les 4x4 des FSI ; plus transfrontalière que le ministère des Affaires
étrangères ; mieux planifiée que le CDR ; moins capricieuse que le ministère de
l’Énergie, etc.
Ce qui nous donne cependant l’idée de positiver,
au lieu de râler sans cesse contre tout
ce beau monde, en nous inspirant de l’expérience
réussie de l’industrie automobile mondiale
(voir p. 60). En gros, voilà deux leçons
qu’on peut tirer : comme pour des ensembles
de voitures, on peut envisager pour nos administrations des plates-formes communes,
un même échappement par-ci, des feux de détresse en série par-là. Autre
leçon : pourquoi ne pas sous-traiter, “délocaliser” nos chères affaires vers le
Brésil, la Roumanie, ou autres Indes. Si cela a bien fonctionné pour Ford ou VW,
pourquoi pas pour nous ?
Tout cela doit nous aider à doper notre performance à un niveau d’“excellence” –
ou “Good to Great”, selon le titre original de ce best-seller américain. Que nous
résumons en 4 pages dans un supplément spécial (voir à la fin de ce numéro). Là,
il n’y a qu’à se pencher pour ramasser les dizaines d’idées d’excellence. Cela
nous changerait par la même occasion de “l’idée unique”, érigée en religion d’État
depuis des années. Alors qu’on sait, depuis Alain, que «rien n’est plus dangereux
qu’une idée, quand on n’a qu’une idée». Cependant, cet essayiste français,
tout philosophe qu’il soit, ne dit pas ce qui risque d’arriver quand on n’en a plus
aucune, d’idée.
«Rien n’est plus dangereux
qu’une idée, quand on n’a
qu’une idée»