Est-ce que “cela” est de nature, cher citoyen, à vous bousiller les festivités de
fin d’année, à miner votre aptitude innée à investir, consommer, ou, en bref,
à réaliser le taux de croissance de 5 % prédit pour cette année et dont vous
êtes moralement responsable ? Et allez-vous bouder indéfiniment, sous prétexte
que “cela” pèse sur votre épaule, vos marges, votre prostate ?
Il y en a que les adversités stimulent. Prenez les professionnels du luxe. (Notre
dossier pp. 42-70). Rien ne les arrête. Pas même une montre à 20 000 $, qui peut
vous indiquer, à 100 mètres de profondeur, l’heure exacte où vous pouvez battre
votre propre record de temps d’exaltation d’affilée, face à “cela”. Une exaltation
qui vous promènera aussi, pour varier les plaisirs, dans les palaces du luxe, de
Verdun à Weygand, et de Sofil à Kaslik. Puis retour – à moins que vous ne soyez
bloqué sur votre route par des uniformes vaguement verdâtres, loués probablement
pour la journée chez César Amer.
Maintenant, malgré tout ce qu’on fait pour vous, si vous tenez absolument à avoir
de nouveaux horizons, on vous a concocté un accord de libre-échange qui vous
ouvrira, à partir du 1er janvier, les firmaments du commerce panarabe. (Voir p. 78).
On l’a même doublé d’un autre accord commercial
– en cours de finalisation – avec les
pays du Golfe (p. 72), au cas où vos perceptions
en géographie se sont rétrécies avec le
temps, à force de zoomer sur “cela”.
Seulement voilà, il y en a qui ne sont pas
contents. Encore. Sous l’allégation que c’est
un trompe-l’oeil malsain, que les règles du
jeu sont à géométrie variable, que tout ceci
n’est guère équitable, qu’on nous prend pour
les derniers des Mohicans. Encore une idée bien libanaise cette histoire de suzeraineté
dont on n’arrive pas à se débarrasser, malgré les attentions recueillies de
“cela”.
Sauf lorsqu’il s’agit de vin. Là, c’est certainement une affaire de cépages. Qui tendent
de plus en plus à devenir “nobles”, de sorte que nos exportations ont pris un
virage ascensionnel. Et qui peuvent nous mener beaucoup plus loin, selon une
sobre étude française circonstanciée (voir p. 82). Si ce n’était, selon les opinions
recueillies, le coma éthylique officiel ; un coma que ne peut même plus inverser
l’hôpital militaire de Percy. Mais personne n’en demande tant. On en est encore à
notre fastidieuse tentative de définir le concept “cela”.
Allez-vous bouder
indéfiniment, sous prétexte
que “cela” pèse
sur votre épaule,
vos marges,
votre prostate ?