La mort violente de Rafic Hariri restera ancrée dans ma mémoire comme un cauchemar atroce
vécu en direct de la fenêtre de mon bureau, à Kantari, un jour de Saint-Valentin ensoleillé.
Mais la mémoire collective se souviendra d’abord des réalisations de Rafic Hariri.
Qu’on l’ait aimé ou qu’on l’ait haï.
Hariri fut le bâtisseur optimiste, le visionnaire qui ne voulait rater la paix à aucun prix. Quitte à
courir trop vite, à décaisser des sommes démesurées. La première pierre de la reconstruction
du centre-ville posée en 1994, place des Martyrs (qui continue à bien porter son nom), fut alors
qualifiée de “pierre de l’espoir” dans Le Commerce du Levant. Aujourd’hui, dix ans plus tard,
malgré toutes les controverses sur sa reconstruction, le centre de Beyrouth cristallise la fierté de
tous les Libanais, toutes communautés confondues. Rafic Hariri avait également rétabli la
confiance des milieux d’affaires arabes et internationaux vis-à-vis du Liban.
Il déployait une stature et une envergure internationales. Sa générosité et sa loyauté lui valaient des
amitiés indéfectibles qui se répercutaient positivement sur le pays. Et c’est dans cette optique que
Jacques Chirac n’a pas hésité à réunir les pays donateurs dans
le cadre de Paris II pour les convaincre d’aider le Liban, malgré
les considérables difficultés en perspective. Ainsi, James
Wolfensohn, le puissant président de la Banque mondiale, a
été un des premiers à venir s’incliner devant sa tombe.
Grâce à ces liens tissés partout, en symbiose avec un pays
dont il devenait l’emblème, la mort de Hariri n’effacera pas
la reconnaissance à tous les sens du terme, ni l’aide du
monde au Liban.
Et d’autres Libanais pourront prendre le relais.
Hariri savait donner à ceux, autour de lui, qui en avaient besoin. Les familles qu’ils soutenaient ne
pourront pas l’oublier et le nom du bienfaiteur sera transmis aux jeunes générations.
Il savait choisir ses collaborateurs, qui l’ont accompagné fidèlement… certains jusque sur le
chemin de la mort. Ces compagnons de route, que nous connaissons bien, aux plans politique
et économique, pour avoir témoigné ou s’être défendus, dans nos colonnes, ont promis de continuer
à porter le flambeau, de ne pas abandonner une scène, qui reste à hauts risques.
Ici, une pensée particulière pour Bassel Fleyhane, économiste brillant, moderne, artisan de grands
partenariats, interlocuteur de l’Union européenne, ami et conseiller fidèle. Celui qui souffre cruellement
aujourd’hui de ses brûlures parce qu’il a préféré servir son pays, au lieu de vivre paisiblement,
à Genève, auprès de sa famille.
«Ils veulent tuer l’espoir», pouvait-on lire le lendemain du drame. Mais on ne tue pas l’espoir,
l’espoir se réincarne, il prend de nouveaux visages…
Aujourd’hui, malgré toutes
les controverses
sur sa reconstruction,
le centre de Beyrouth
cristallise la fierté
de tous les Libanais
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