Les histoires de corruption ont ceci d’exquis qu’elles prolifèrent toutes seules
dans un environnement humide, et font toujours des petits. C’est un peu
comme les délicieuses “histoires de serpents” de nos montagnards ; ou
comme les “serial killers” hollywoodiens, dans un registre moins rustique. Mais
entre les sangsues, les reptiles et les prédateurs, respectivement, on se retrouve
malgré nous dans un fragile écosystème de faune à ne pas bousculer. Sauf que
nous le faisons allègrement depuis trois mois. Il faut dire que le sujet, et avec lui
tout un pan de l’économie, fut pendant des années un bel exemple de nos
silences assourdissants. Tant et si bien que tout le monde, heureusement, veut se
rattraper et donner du ténor à casser les vitres des palais. Avec par exemple cette
fois des anecdotes de cadeaux genre casino-bancaire (voir p. 22).
Bien sûr, personne n’a jamais dit qu’on était seuls au monde dans ce cas. Nous
ne sommes pas nombrilistes à ce point. Mais nous avons quand même un avantage
comparatif non négligeable. Et l’on se demande d’ailleurs pourquoi les professionnels
du tourisme n’en feraient pas une attraction, un peu comme le spa du
Mzaar ou le HabtoorLand. Car nous avons réuni dans une table ronde (voir p. 38)
un groupe d’éminents hôteliers et autres pros, qui nous ont donné l’impression de
chercher des pôles d’attraction pour sauver
ce qui reste de la saison. Ce serait quand
même plus captivant qu’un festival de jazz.
Néanmoins, tout ce beau monde sait pertinemment
que nos fidèles visiteurs Golfiotes
auront hâte de revenir à ce beau pays,
accueillant entre tous. Mais les professionnels
du tourisme font plus, inventifs qu’ils
sont. En un quart de tour, certains ont brandi
des foulards multicolores aux 4 coins du
monde pour capter une nouvelle niche : ces Libanais esseulés, virtuellement exilés
depuis des années, et attirés tout récemment par cet esprit insurrectionnel
satellisé à outrance. Certains avaient même affrété des avions entiers, et prévu de
participer aux élections… Ah ces expatriés, toujours aussi incorrigiblement idéalistes
! Mais ça c’est une autre histoire.
Entre les uns et les autres, les fraîchement débarqués ne comprennent plus grandchose
: «Mais au fait, nous a lancé impulsivement l’autre jour un journaliste étranger,
c’est un pays complètement fou ?». Réponse : «Non – pas complètement».
Une nouvelle niche :
ces Libanais exilés
depuis des années,
et attirés par cet esprit
insurrectionnel
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