La CNSS est une machine très sympathique en fin de compte. Tellement caricaturale.
Elle procure d’ailleurs aux caricaturistes que nous sommes (même si cette
page est intitulée abusivement «éditorial») de quoi pouffer en écoutant par
exemple ses chefs parler de «projet d’informatisation». Une fabulation qui a déclenché
un ulcère généralisé chez des générations d’experts de la Sécu française, consultants
depuis 10 ans pour ce chantier imaginaire. Aujourd’hui, Fouad Siniora, équipé de sa
mine grave et quelque peu renfrognée par temps ensoleillé, veut réformer la Caisse
(voir l’analyse p. 12). Il le déclame, et en charge même une cellule de notables économistes.
C’était au cours d’un concile récent, où glapissements et anecdotes
gaillardes résonnèrent longtemps en écho sous les voûtes XIXe siècle du Sérail. Les
esprits des sentinelles ottomanes, rôdant toujours dans les couloirs, n’en croyaient pas
leurs oreilles.
C’est d’ailleurs l’un de nos décryptages des chiffres économiques nationaux de l’année
; une tradition toute Commerce-du-Levantesque. (Voir pp. 35-58). C’est aussi à
ce moment de l’année que l’on se confond en excuses devant nos chers lecteurs sur
l’état de nos relevés comptables. On se fait tout petits devant la grandeur de
L’ADMINISTRATION CENTRALE DE LA STATISTIQUE. Avant d’aligner sur des kilomètres des
tableaux passablement indigestes, puis colorier
de beaux graphiques pour dissimuler nos
imperfections et faire passer la pilule.
Imperfections sombres donc, mais que nos programmateurs
nationaux et autres patriotes vont
tenter de bonifier par un assortiment de teintes.
Là, on a le choix entre l’orange (Michel Aoun), le
bleu (Saad Hariri)… et l’arc-en-ciel (cabinet
Siniora). Trois équipes, trois hommes, et un
couffin : le plan de réformes. (Voir le comparatif
p. 18). Par un extraordinaire alambiquage de mesures, on arrive même à en dresser
des colonnes : presque les 7 piliers de la sagesse. Une façon de parler, évidemment,
car, à l’application, les avis ministériels sont partagés et amalgamés dans une
belle salade du genre : faudrait-il mettre en oeuvre simultanément 1 559 mesures ?
Charger Mehlis de désigner les fonctionnaires de 1re catégorie ? Privatiser la Syrie en
commençant par Jdeidet Yabous ? Protéger les frontières Sud avec du pétrole koweïtien,
nouvellement acquis, à la place de l’armée et du Hezbollah ? Ou encore, pour
revenir à nos premières amours, donner à la CNSS le soin de gérer les décharges
contrôlées de Naameh ?
On a le choix
entre l’orange (Michel Aoun),
le bleu (Saad Hariri)… et
l’arc-en-ciel (cabinet Siniora).
Trois équipes, trois hommes,
et un couffin.