La mélisse, d’après Le Larousse, est une plante médicinale de type antispasmodique.
Idéale de nos jours. Mais qui s’emploie aussi, selon Le Robert,
comme ingrédient principal de la liqueur de Bénédictine, ce qui lui confère
également un effet à la fois enivrant et miraculeux. De quoi justifier largement sa
réputation nationale libanaise de thérapeutique tous azimuts lorsqu’elle rentre
dans la composition d’un rapport, une première dans son spectre d’utilisation.
Évidemment, le fait d’altérer son orthographe, un “e” en plus par-ci, un “h” en
moins par-là, ne gâte en rien ses effets bénéfiques.
Nous voilà donc parés une fois pour toutes. Même les banquiers que nous avons
interrogés dans ce spécial semblent avoir ingurgité un bon bol d’infusion de
Mehlis (voir pp. 48-76). Grisés, ils se sont mis à débiter des tirades inconnues
jusque-là dans leur jargon coincé : «Le Liban libéré d’une tutelle» ; «Une confiance
inébranlable» ; «Nous anticipons sur un changement positif» ; «L’avenir est plus
clair, plus sûr» ; «Le Liban revu et corrigé de 2006»…
C’est à tel point euphorisant que l’Office des
eaux de Beyrouth penche pour son utilisation
dans son grand réservoir de Dbayeh, à la
place du chlore. Alors que ce dernier n’a
prouvé son efficacité que comme bactéricide,
l’essence de Mehlis fait déjà des merveilles
pour une autodestruction des parasites, dont
Le Commerce du Levant a été un des premiers
à en montrer les méfaits, si vous vous
en souvenez.
C’est précisément ce moment de jubilation nationale que certains choisissent
pour jouer les trouble-fête. Équipés de leurs grosses calculatrices à logarithme
népérien, écrasés sous les kilos des comptes nationaux que l’INSEE vient de nous
livrer (p. 22), nos potentiels bailleurs de fonds s’apprêtent à nous faire subir le
Grand Oral dans quelques semaines (p. 18). Les rats des ministères (comme ceux
de l’Opéra) ne tiennent plus en place : des mini-tutus budgétaires confectionnés
à la hâte ; d’élégants pas de quatre administratifs répétés devant le chorégraphe
grognon Siniora. Qui nous rappelle – et se rappelle encore amèrement – l’orpheline
présentation avortée de Paris en 2002. Ce serait pour lui une belle revanche
contre les malheurs, et le drame, haririens.
Et si l’on prend le récent cru Mehlis à 54 feuilles, la revanche, la sienne et la nôtre,
est au-delà de ce qu’on aurait pu rêver…
Même les banquiers
interrogés dans ce spécial
semblent avoir ingurgité
un bon bol d’infusion
de Mehlis
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