…Il nous manquait juste le mazout pour continuer notre glissade planée vers le
précipice : il s’agit d’un fantasme de Syriens qui ont toujours eu – il est vrai – et
le pétrole et de géniales idées. Ce n’est pas une raison pour nous snober comme
ça. Nous qui sommes si hospitaliers.
Par exemple, ils auraient pu très bien nous envoyer à l’hôtel verdoyant de
Monteverde, quelques-uns de leurs nantis officiers. Qui ne le regretteront pas.
Car, munis de leurs cartes bancaires à plafond illimité émises par al-Madina, ce
serait pour eux le moment idéal pour faire le shopping des fêtes. Une quinzaine
de pages dans ce numéro en présentent un guide d’achat superbe (voir p. 44 et
p. 72). D’autres publications en toutes langues en font d’ailleurs de même. Ceci
au cas où ils auraient une urticaire allergique à l’impérialio-francophonie. Si prolongement
de séjour il y a, une livraison à Roumieh est même possible, nous
assurent les traiteurs et commerçants que nous avons sondés à ce sujet. C’est
tout à fait normal, car, pour nous, ce serait une façon de rattraper notre saison
touristique un peu malmenée cette année.
C’est dire qu’on ne choisit pas toujours ses fréquentations, quoi qu’en pensent les
parents. Et encore moins ses voisins, quoi qu’en disent les promoteurs immobiliers.
Nous voilà donc coincés avec les uns et les
autres. Ce qui nous amène à réfléchir à de
nouveaux horizons. Avec ce numéro, un supplément
intitulé Euromed peut donner des
idées à ce propos, même si elles ne plairont
pas à tout le monde. Au hasard, Assem
Kanso, voyant dans la table des matières des
noms comme Paris, Rome et Barcelone, en
conclut naturellement que cette affaire n’est
pas… catholique. Mais, d’après nos listes, il n’est pas abonné au Commerce du
Levant. Dommage pour ce vieux millésime qui se bonifie avec l’âge.
En tout cas, cet Euromed fête ce mois ses 10 ans, et Barcelone le célèbre par une
grand-messe de l’Espace méditerranéen. Un espace qui a dû fortement décontenancer
– encore au hasard – le haut-commissaire Nasri Khoury. C’est le porteplume
attitré des accords économiques libano-syriens. Et, naturellement, il n’arrive
pas à concevoir l’existence d’une telle euro-médi-quelque-chose. Pour les
spécialistes, c’est un cas typique de refus psychologique. D’après ses proches, il
soutient vigoureusement que le frontalier Jdeitet Yabous Stock Exchange est le
centre financier de loin le plus performant.
Dans la foulée des transmutations, il va falloir peut-être un jour faire un tracé des
frontières humaines.
Munis de leurs cartes
bancaires à plafond illimité
émises par al-Madina,
ce serait le moment idéal pour
faire le shopping des fêtes