…Et si c’était vrai. Si c’était vrai qu’il y a une «guerre non déclarée» contre le
pays, comme le pense Samir Geagea. Si c’était vrai qu’il y a effectivement «un
homme malade» quelque part à Damas, comme l’a tonné Walid Joumblatt. Si
c’était vrai que le régime syrien voudrait «casser le Liban» comme l’ont relaté au
juge Mehlis 4 témoins a posteriori de la dernière rencontre entre Rafic Hariri et
Bachar el-Assad. Supputations ? Simples palabres politiques ? Peut-être, peutêtre
pas, comment le savoir ?
En simple calcul de probabilités, on aura ainsi dans le pire des cas un axiome, et
dans le meilleur des cas une sérieuse hypothèse de
travail. À la lumière de quoi, que doivent faire les
Libanais, entre autre sur le plan économique, pour
rester dans notre spécialité ?
C’est avec un sang tiède qu’on se pose la question,
et qu’on la pose le plus sérieusement du monde
aux têtes pensantes du pays – responsables officiels
ou non –, loin des coutumières considérations
biscornues sur les communes histoire, géographie
et autres sciences expérimentales.
La première chose à faire c’est de prendre cette
hypothèse et d’établir un scénario comme est supposé
le faire tout prévisionniste économique qui se
respecte. Puis dessiner une réaction alternative, un
plan B, au cas où cette hypothèse se confirme ou
est étayée empiriquement par des « indices concordants
», un qualificatif cher à Detlev Mehlis.
Exemple en guise d’application pratique : le Master
Plan économique de Siniora. Sans le détailler ici, on
sait qu’il comporte un tableau à double entrée :
1) évolution financière en cas d’aide internationale,
et 2) en l’absence d’une telle aide. Ce tableau
devrait donc, selon notre hypothèse, comporter 2 autres colonnes : 3) en cas de
comportement normal de la Syrie, et 4) en cas de volonté syrienne de casser le
Liban ou de pathologie damascène. Ainsi, on sera paré à toutes les éventualités.
Gebran Tuéni n’était pas particulièrement versé en économie ; il nous le disait à
l’occasion, et nous faisait souvent confiance à cet égard. Et je suis sûr que, cette
fois aussi, il aurait applaudi de son grand éclat de rire à notre logique.
C’est d’ailleurs en son hommage que ce texte a été rédigé…