L ’ histoire parfois trébuche, tellement elle va vite, surtout pour un mensuel
tortuesque comme le nôtre. Le temps qu’on aille à l’imprimerie et qu’on sorte
le numéro, tout peut changer. On aura peut-être un président en moins ; un
autre en plus ; des leaders en huis clos expérimentant l’enfer c’est les autres ; un gouvernement
siégeant on ne sait où, avec qui, pour prendre quelles décisions…
Bref, c’est l’abcès purulent parfait, du vrai bonheur pour tout dentiste normalement
hideux. Qui, espérons-le, finira par le crever, car cela commence vraiment
à sentir le moisi, y compris dans les clans financiers. Et voilà Jihad Azour qui n’arrête
pas d’imbiber de chloroforme son bébé de budget 2006. Sami Haddad, faute
dudit budget, se contente de naphtaline avariée saisie au port pour éloigner les
acariens de ses plans de réformes. D’autres ministres s’exercent à la chasse aux
sorcières syriennes dans leur département, pour garder le moral. Et c’est Fouad
Siniora qui transmet le tout aux bailleurs de fonds, par pigeons voyageurs grippés
– avant que le Hezbollah ne les descende par une salve de DCA, histoire d’arroser
le dernier discours fleuve, en date, du Sayyed.
Il n’empêche que, curieusement, les tours ne cessent de pousser dans la ville. On
a compté 34 grues géantes rien qu’au Solidereland, maniant chacune quelque
100 millions $ (voir notre dossier pp. 32-
49). C’est que, comme le dit notre analyste
désespérément doctoral, il y a de solides
liquidités qui planent autour de nous (voir
p. 18). Les économistes ont parfois un problème
de compatibilité avec la physique
des matériaux.
Mais soyons sérieux, il en faut beaucoup plus
pour faire démarrer un pays, style quatorze-marsien. Ce qui est effectivement
problématique avec un président qui s’est bien exercé, depuis le temps, à nager
à contre-courant. Les architectes de Paris II en ont avalé des tasses dans la piscine
du Bain militaire. Face d’ailleurs à tout un clan, de siciliens (voir notre Économie
de l’ombre d’avril 2005). Mais il faut bien commencer quelque part. Et dans
les révolutions, l’appétit vient après avoir fait tomber la première tête…
PS : À propos de changement, ce 79e éditorial sera aussi le dernier qui sera signé par l’auteur cihaut
perché : un autre rédacteur (trice) en chef viendra vous entretenir à partir du prochain numéro
des anecdotes du moment, tout en dirigeant naturellement le CDL. Une occasion ultime pour
remercier vivement toutes celles et tous ceux qui m’ont gratifié de leur amitié, ou d’un simple
commentaire, au cours de ces 7 ans à la tête du Commerce du Levant. (À toutes fins utiles ou
agréables : [email protected]).
Les architectes de Paris II
en ont avalé des tasses dans
la piscine du Bain militaire
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