OMC : les avocats rejettent la liberalisation
Autre secteur concerné par la libéralisation dans le cadre des négociations d’accession du Liban à l’OMC : celui des transports maritimes. L’Union européenne, le Japon, Taïwan ou encore l’Ukraine ont demandé au Liban une ouverture accrue de ces services. Depuis l’échec des négociations multilatérales des grands “cycles” comme celui de Doha, l’OMC privilégie désormais des négociations bilatérales entre partenaires commerciaux pour aboutir plus rapidement. Le Liban est appelé à admettre que des transporteurs maritimes internationaux s’installent sur son sol sans un partenaire local. Les sociétés étrangères devraient aussi être autorisées à assurer le canotage transfrontalier, c’est-à-dire le passage de marchandises entre pays limitrophes, alors que cette activité est aujourd’hui limitée aux compagnies locales.
Effet bénéfique sur les prix
Le Liban a déjà entrouvert en 1994 la porte aux sociétés étrangères en leur permettant de s’installer à Beyrouth, à condition d’y créer une société dont 50 % du capital appartient à des actionnaires libanais. Selon une enquête récente menée par Booz Allen Hamilton à la demande du ministère libanais de l’Économie et du Commerce, cette ouverture à la concurrence des services maritimes a eu un effet positif sur les tarifs pratiqués, qui figurent parmi les moins chers de la région, mais guère sur la qualité des services fournis, telle la fiabilité ou la rapidité, qui demeurent très en deçà des standards régionaux. Pour le ministère, l’arrivée d’entreprises à 100 % étrangères obligera les entreprises locales à investir dans les infrastructures technologiques et le capital humain nécessaires pour se mettre aux standards internationaux. Ce qui aurait un effet positif sur l’activité générée dans les ports libanais.
Toutefois, les représentants du secteur ne voient pas les choses d’un même œil. Élie Zakhour, président de la Chambre internationale de navigation de Beyrouth, considère que le Liban a suffisamment ouvert ses services maritimes à la concurrence en 1994. Selon lui, « les principales compagnies maritimes internationales représentaient déjà, en 2009, 72 % de l’activité du port de Beyrouth ». Les plus grandes entreprises de fret comme MSC (Suisse) CMA CGM (franco-libanais), le groupe danois Maersk ou l’allemand Hamburg Sud ayant déjà des bureaux de représentation au Liban (avec des partenaires locaux). Libéraliser davantage mettrait en difficulté la quarantaine d’entreprises locales actives sur le secteur, qui ne pourraient se mettre au niveau des investissements consentis par les entreprises internationales, dit-il.