Mireille Hayek s’apprête à ouvrir “Em Shérif”, son troisième restaurant dans Beyrouth après La Parilla et Yasmina. D’emblée, cette “ex-femme au foyer” reconvertie en professionnelle à succès en matière de cuisine et de restauration nous explique qu’elle n’a « pas peur de la concurrence, mais uniquement de l’instabilité du pays ». Son dernier-né présente une cuisine orientale haut de gamme provenant de différents pays – Liban, Syrie, Égypte et allant jusqu’au Maroc puisqu’elle propose également du couscous, sur fond de musique orientale jouée en “live” sur un piano. Le lieu de 250 mètres carrés dont la décoration « est inattendue », selon Hayek, inclut également une terrasse et peut accueillir 200 clients au total. L’investissement s’est élevé à environ 800 000 dollars pour un loyer annuel de 135 000 dollars et un pas-de-porte d’environ 300 000 dollars.
Em Shérif, c’est Mireille elle-même. Mère de quatre enfants, dont Sherif, elle n’est pas « née dans la restauration ». Après des études d’assistante sociale, elle se marie jeune et se découvre un talent de cuisinière en tant que femme au foyer  : « C’était mon passe-temps favori, mais je ne le pratiquais qu’à la maison ; j’invitais mes amis pour leur concocter des plats. » Pendant plus de deux ans, cette passionnée de cuisine accumule les magazines spécialisés et suit des cours de manière intensive – « jusqu’à trois par jour ! » avec des femmes de renom en matière culinaire dans le pays comme Marlène Matar ou Marcelle Rebeiz. « J’ai toujours rêvé d’avoir mon restaurant et mes amis m’ont fortement encouragée à en ouvrir un ; mais jamais je n’aurais cru que j’en aurais deux ou plus ! »
Hayek fonctionne en équipe avec son mari Sélim « mon conseiller » et son fils Nabil. Leur premier né est La Parilla en 2006 « ouvert juste après la guerre ». Sélim son époux rentrait d’Argentine et voulait créer « un projet qui n’existait pas encore à cette période sur le marché », d’où l’idée du steak house haut de gamme. Ils rachètent le pas-de-porte à 75 000 dollars et investissent 500 000 dollars pour l’ouverture de La Parilla pour un loyer annuel de 75 000 dollars. Ils le rentabilisent en 18 mois. C’est Mireille Hayek elle-même, avec l’aide d’architectes, qui décore le lieu qui peut recevoir jusqu’à 110 personnes avec un ticket moyen de 75 dollars. « J’étais encore nouvelle dans le métier et ma cuisine n’était pas aménagée pour recevoir tout ce monde. » La Parilla devient vite une référence en matière de “bonne viande”, et sa cuisine se transforme et évolue de semaine en semaine afin de s’adapter au flot continu de la clientèle. Au fil du temps, le “hobby” de Mireille devient sa profession et c’est au tour de Yasmina (du prénom de sa fille), un restaurant indien, d’ouvrir ses portes en septembre 2009. « Je sentais que La Parilla fonctionnait bien sans moi et je commençais à m’ennuyer un peu », avoue-t-elle. Elle sent très vite l’augmentation des prix qui triplent en trois ans. Comme La Parilla, Yasmina peut contenir environ 110 personnes mais requiert un pas-de-porte de 150 000 dollars. L’investissement s’élève à 500 000 dollars et le loyer à 75 000 dollars. Ce deuxième projet connaît lui aussi un succès continu avec des plats devenus des références comme le loup de mer tandoori ou encore les tortellinis frais préparés à l’indienne. « Les clients sont très fidèles. » Dans un futur proche, Mireille Hayek projette de créer une cuisine centrale qui servira ses trois restaurants. Elle poursuit : « Ma fille rêve de devenir chef et je l’encourage dans cette voie, car si ma vie était à refaire, j’aurais sans doute suivi des études de cuisine pour devenir chef moi-même. »