Meubles : un secteur florissant
Le parcours de la galerie Ardeco, située à Achrafié, est pour le moins atypique. La société est créée en 1998 par Élie et Simone Amatoury pour importer de France des meubles et accessoires Art-déco (le style typique de l’entre-deux-guerres). « Ce sont des pièces uniques, chinées dans les marchés aux puces, les enchères et les ventes spécialisées », explique Georges Amatoury, fils des fondateurs.
Très vite, le besoin se fait sentir de compléter l’offre par du mobilier contemporain, plus ergonomique et adapté au mode de vie moderne. Ardeco devient ainsi au début des années 2000 l’agent exclusif pour le Liban et la Syrie de la marque française Hugues Chevalier, spécialisée dans la réinterprétation des meubles des années 30. « Mais entre la parité euro/dollar, la TVA et les droits de douane et les délais de fabrication, le canapé, déjà cher à la base, devenait presque inaccessible », raconte Georges Amatoury. Un an de travail et de formation assidue permettent à Ardeco d’obtenir fin 2004 la licence de fabrication des meubles Hugues Chevalier. « C’était mon projet de fin d’études à l’ESCP », se souvient Amatoury. La licence, valide cinq ans, et contrôlée chaque année, a été renouvelée en 2010. « Cela nous permet, malgré l’importation de la matière première de France, d’afficher les mêmes prix qu’en Europe, tout en étant plus flexibles et plus rapides », explique le jeune dirigeant.
Par la suite, la société s’est retrouvée confrontée à une demande croissante de sur mesure de la part des architectes et autres prescripteurs du marché libanais et moyen-oriental ; elle met alors en place en 2006 ArdecoContract, un département chargé des projets de palais et hôtels dans les pays arabes. La guerre de juillet 2006 les encourage à se diversifier géographiquement. « Nous venons de livrer 1 050 meubles pour un hôtel 5 étoiles à Riyad, raconte Georges Amatoury. Nous sommes en concurrence avec des sociétés européennes le plus souvent, face auxquelles nous proposons une qualité identique à moindre coût ; d’autant plus que nous profitons des accords de libre-échange entre les pays arabes. »
En 2010, Ardeco étend sa gamme et devient l’agent exclusif de la marque française Steiner qui réédite des modèles cultes des années 1960-70 et édite régulièrement des designers contemporains.
La société est restée familiale. Il s’agit en fait de deux sociétés : une personnelle, pour l’importation de meubles vintage, et une à responsabilité limitée pour l’importation de Hugues Chevalier et Steiner. Outre la boutique de 500 mètres carrés à Achrafié, où elle expose plus de 3 500 pièces uniques, et qu’elle compte compléter par 200 mètres carrés dans l’immeuble en construction en face, elle a un dépôt de 400 mètres carrés à Antélias. Ardeco emploie un nombre d’employés variable en fonction des projets, avec un noyau dur d’une dizaine de personnes, dont quatre pour le département ArdecoContract. Le chiffre d’affaires de la compagnie, en augmentation constante selon Amatoury, est réalisé à 30 % par la vente d’objets vintage, 30 % par la vente de meubles contemporains (Hugues Chevalier et Steiner) et 40 % par les projets.