Un article du Dossier

Meubles : un secteur florissant

Tous les importateurs de meubles interrogés répètent la même rengaine : les droits de douane à l’importation des meubles au Liban sont trop élevés. Officiellement fixés à 30 % (auxquels il faut rajouter les 10 % de TVA), ils ont été maintenus pour protéger l’industrie locale.
Les droits de douane sont imposés sur ce qu’on appelle le coût CIF (Cost Insurance Fret), à savoir le coût de la marchandise auquel se rajoute celui de l’assurance et du transport. « Si le meuble me coûte 100 euros à l’achat en Europe, explique Nicolas Chédid d’Intermeuble, son coût minimal à l’arrivée sur le marché libanais est de 160 euros, après avoir ajouté les divers frais. » En y additionnant la marge du commerçant, il n’est pas rare qu’un meuble soit littéralement deux fois plus cher ici que dans son pays d’origine.
Mais le Liban ayant signé divers accords de libre-échange, ces droits de douane sont revus à la baisse dans de nombreux cas. En tant que membre de la Grande zone arabe de libre-échange (Gafta), un pacte de la Ligue arabe entré en vigueur depuis le 1er janvier 2005 qui vise à former une zone de libre-échange arabe, Beyrouth a conclu de nombreux accords bilatéraux avec, notamment, la Syrie, l’Égypte, les Émirats arabes unis, le Koweït et l’Irak. Les droits de douane sur les meubles avec ces pays-là sont très bas, voire quasi nuls.
En vertu de l’accord avec l’Union européenne qui prévoit la création d’une zone de libre-échange à l’échéance 2014, les droits de douane sur les meubles en provenance d’Europe ont commencé à baisser il y a deux ans, après une période de grâce. La réduction était de 12 % jusqu’à début mars pour tous les meubles d’origine européenne (ce qu’atteste un certificat appelé Eur.1 joint par la maison mère). Depuis le 1er mars 2011, ces droits ont été réduits de 48 %. Ce qui signifie que tous les produits fabriqués et importés d’Europe ne sont plus taxés qu’à 15 % à leur arrivée aux douanes libanaises.
Et enfin dans le cadre de son processus d’adhésion à l’OMC (Organisation mondiale du commerce), le Liban est censé réduire, voire supprimer, ses droits de douane avec le reste du monde ; ce qui profiterait grandement aux meubles en provenance d’Asie. Mais si les pourparlers ont commencé, ils ne sont pas près d’aboutir. En attendant, les meubles chinois, qui constituent le gros des importations libanaises, sont taxés à 30 %. Du moins en théorie.
Car de l’avis général, la fraude aux douanes est chose courante : entre les conteneurs entiers qui ne sont pas comptabilisés dans les registres de la douane et ceux dont les factures sont trafiquées, une bonne partie des taxes qui devraient revenir à l’État libanais s’évaporent dans la nature (ou dans la poche de fonctionnaires corrompus). Certaines estimations du marché avancent même le chiffre de 50 % de meubles importés illégalement et 30 % de meubles importés avec des factures au montant trafiqué.
À noter que les meubles à destination des hôtels sont totalement exemptés de droits de douane.
 

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