Meubles : un secteur florissant
La rumeur, persistante, enfle et désenfle dans les salons beyrouthins. Entre ceux qui sont persuadés que le géant scandinave du meuble Ikea arrive sur le marché libanais et ceux qui sont persuadés du contraire (“le marché est trop petit !”), le débat fait rage. La rumeur a commencé avec l’annonce de l’ouverture à Hazmié fin 2013 du centre commercial City Center, du groupe Majid al-Futtaim. Or, tous les Libanais qui habitent à Dubaï le savent bien : Ikea à Dubaï est détenu par al-Futtaim.
En fait, le détenteur de la licence d’Ikea aux Émirats arabes unis est Abdallah al-Futtaim, cousin du premier, et en conflit avec lui depuis 2002. Cela dit, les deux familles ont entamé un rapprochement ces dernières années. « Avant nous n’avions pas le droit de travailler avec l’autre groupe ; maintenant nous pouvons à nouveau », témoigne un employé.
Ce n’est pas la première fois que la rumeur de l’entrée du géant scandinave du meuble sur le marché libanais se répand. Déjà en 1982, la maison avait été à deux doigts d’ouvrir au pays du Cèdre. Fadi Bustros avait signé avec elle un mémorandum d’entente pour investir dans un show-room près… du rond-point Sayyad, où City Center est aujourd’hui en train de se construire. L’invasion israélienne a coupé court à cette tentative. « À l’époque, notre point de conflit était sur la vente de produits déjà montés, ce qu’Ikea refusait de faire et a introduit depuis », se souvient Bustros. Plus récemment, dans les années 2000, Ikea a étudié la possibilité de son entrée sur le sol libanais en mandatant une étude de marché ; il semblerait que les conclusions de celle-ci aient été défavorables, car la rentabilité était difficilement au rendez-vous, et l’investissement trop important. Ikea requiert en effet entre 50 et 100 millions de dollars pour ouvrir un magasin, soit presque autant que les plus grands centres commerciaux du Liban. Difficile de rentabiliser rapidement une telle somme : la population de 4 millions d’habitants est en effet limitée ; et le pourcentage de cette population intéressée par le genre de meubles et accessoires offerts par Ikea, bénéficiant d’un pouvoir d’achat suffisant, l’est encore plus. Sans compter que la parité euro-dollar ne joue pas en la faveur du fabricant suédois, connu pour ses meubles design à prix très bas.
Alors viendra ? Viendra pas ? Une source proche du dossier a affirmé au Commerce du Levant que la réponse était « très probablement positive ». À suivre.