Un article du Dossier

Chiffres-clés 2010

Officiellement, le déficit public a reculé de 1,28 % en 2010, à 2,911 milliards de dollars, et l’excédent primaire a augmenté de 11,6 %, à 1,2 milliard de dollars.
Mais ces chiffres sont biaisés par le fait que les revenus du secteur des Télécoms n’ont pas été entièrement comptabilisés.
En effet, le ministère des Finances fait état de seulement 634,8 millions de dollars de transferts en 2010, un nombre en baisse de 53,4 % sur un an.
En réalité, le secteur n’a pas généré moins de revenus que l’année dernière. Au contraire, les recettes ont progressé entre 15 et 20 % grâce à l’augmentation du nombre d’abonnés. 
Mais le ministre démissionnaire Charbel Nahas a provisionné le montant de la dette du ministère à l’égard des municipalités, estimée à environ 950 millions de dollars, sur un compte à la BDL, et transféré seulement le solde au Trésor.
Or le ministère des Finances ne comptabilise que les mouvements sur les comptes du Trésor à la BDL et non tous les comptes publics.
Le ministère estime donc que les recettes non fiscales ont baissé de 33,4 %, ce qui explique la contraction des revenus de l’État de 0,2%, malgré la forte croissance des recettes fiscales (+11,2 %). 
Si les recettes des Télécoms avaient été comptabilisées, le Liban aurait enregistré en 2010 le ratio du déficit sur le PIB le plus bas depuis 20 ans, selon la ministre sortante des Finances Raya el-Hassan.

Hausse des dépenses d’investissement

À défaut, le ratio officiel du déficit public sur le PIB publié est de 7,5 %, contre 8,6 % en 2009. Car les dépenses, notamment courantes, ont été contenues, tandis que les dépenses d’investissements ont augmenté de plus de 25,6 %.
L’esprit du budget 2010, qui n’a toujours pas été voté, semble avoir été respecté en termes de dépenses. On reste toutefois loin des chiffres prévus.
Alors que le projet prévoyait une croissance totale des dépenses publiques de 11,6 %, les dépenses effectivement réalisées l’année dernière ont au contraire baissé de 0,46 %.
Cela explique le fait que le ratio du déficit sur les dépenses n’ait que légèrement reculé, de 26 % à 25,8 % en 2009.
Outre l’absence de budget, l’État a été en mesure de freiner ses dépenses grâce au recul des décaissements du Trésor, notamment en faveur du Haut Comité de secours, mais surtout des transferts à EDL (Électricité du Liban), qui sont désormais comptabilisés comme des dépenses budgétaires.
La contraction des transferts en faveur de la compagnie publique est due au basculement d’une partie de la centrale de Deir Ammar au gaz provenant d’Égypte, plus économique que le fuel. La baisse est d’autant plus importante que les factures de gaz naturel n’avaient toujours pas été payées fin 2010.
Quant au service de la dette, son rythme de progression a ralenti à 2,1 % contre 14,8 % en 2009.
Ce fléchissement s’explique en partie par la répercussion de la baisse des taux d’intérêt et en partie par la politique de la Banque centrale qui consiste à souscrire elle-même aux bons du Trésor (BT) et à vendre des certificats de dépôts (CD) aux banques, explique un économiste ayant requis l’anonymat. Les CD offrent en moyenne 2 % de rémunération de plus que les BT, mais la BDL couvre les pertes subies par de la création monétaire. Cela lui permet de soutenir le secteur bancaire tout en atténuant le service de la dette.

Ralentissement de la dette publique

La baisse globale du déficit a entraîné un ralentissement de la croissance de la dette publique brute. Cette dernière a augmenté de 2,9 % en 2010, contre 8,66 % en 2009 et 11,8 % en 2008.
En excluant les dépôts du secteur public auprès des banques commerciales et de la BDL, la dette publique nette a affiché une croissance de 0,9 %, à 45 milliards de dollars.
Entre mai et septembre 2010, le gouvernement a puisé dans ses comptes créditeurs pour financer le déficit public, ce qui s’est traduit par une baisse de ses dépôts auprès de la Banque centrale de 23,6 % en août par rapport à fin 2009. Cela a permis de mettre la dette publique sur une pente descendante, mais la tendance s’est ensuite inversée à partir de septembre, souligne Bank Audi.
La croissance modérée de la dette publique combinée à une forte croissance économique a permis une baisse du ratio de la dette sur le PIB à 134 %, contre 148 % en 2009.
Mais l’année 2011 s’annonce plus difficile pour les finances publiques. La flambée des cours du brut a déjà obligé l’État à baisser les droits d’accise sur l’essence de 57 % en février. Si on applique cette mesure aux chiffres de 2010, cela représente un manque à gagner de l’ordre de 327 millions de dollars, ou 3,9 % des recettes. 
La hausse des prix devrait également gonfler les transferts à l’EDL, sans parler d’autres mesures que le gouvernement pourrait être amené à prendre pour limiter l’impact social de l’inflation mondiale.
Pour la banque Barclays Capital, les tensions inflationnistes combinées à une baisse des recettes publiques en raison du ralentissement prévu de l’activité économique devraient élargir le déficit de 7,5 % du PIB à 8,2 % en 2011.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le secteur automobile rapporte 1,6 milliard de dollars à l’État

Selon un rapport du ministère des Finances publié pour la première fois en janvier, les recettes de l’État provenant du secteur automobile ont atteint 1,6 milliard de dollars en 2010, soit l’équivalent de 2 % du PIB. Elles comprennent les droits de douane et d’accise à l’importation des voitures neuves et usagées, la TVA, les frais d’enregistrement, la taxe mécanique, ainsi que les droits d’accise et la TVA sur l’essence.
L’importation des voitures neuves et usagées, à elle seule, a rapporté 788 millions de dollars à l’État, en baisse de 2,8 % en rythme annuel, après un pic historique en 2009. Cette baisse est la conséquence de la baisse de 7,7 % des importations de voitures à 100 354 unités en 2010 (dont 40 % de voitures neuves).
La chute des recettes des taxes à l’importation de voitures a été contrebalancée par une hausse de 2,5 % des recettes de la taxe mécanique qui s’est établie à 138 millions de dollars ; mais aussi par une hausse de 4,1 % des revenus des taxes et des impôts sur l’essence, à 690 millions de dollars, un pic historique.
L’importation des voitures neuves et usagées a connu une augmentation fulgurante à partir de 2008, lorsque le nombre d’automobiles importées a presque doublé, passant de 52 014 à 100 333, engendrant du coup une hausse des recettes étatiques liées au secteur.

 

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