Un article du Dossier

Employées de maison : un nouveau projet de loi

Trois questions à l'ambassadeur des Philippines au Liban, Gilberto Asuque.

Pourquoi le gouvernement philippin a-t-il décidé d’interdire à ses ressortissantes de venir travailler au Liban ?

Lors de la guerre de 2006, les conditions de sécurité n’étaient plus remplies. Quelque 10 000 de nos ressortissantes ont été rapatriées en urgence. Toutefois, cette motivation initiale n’est plus essentielle. Nous maintenons l’interdiction du fait de l’absence de garanties quant aux conditions de travail des employées philippines. En 2009, par exemple, l’ambassade a accueilli 500 employées de maison, fuyant le domicile de leurs employeurs pour mauvais traitements. Depuis janvier 2010, 169 ont déjà été rapatriées par nos soins et 96 sont actuellement hébergées dans nos murs. Ces femmes quittent le domicile de leurs patrons pour différents motifs. Parmi les plus récurrents : une charge de travail trop lourde ou un horaire démesuré ; le non-paiement des salaires, des violences physiques, voire des abus sexuels. Tant qu’un cadre légal ne permettra pas de garantir la sécurité de nos ressortissants, l’interdiction restera en place.

La communauté philippine compte pourtant 33 000 membres déclarés auprès du ministère du Travail en 2010. Ne croyez-vous pas que l’interdiction soit peu efficace ?
L’interdiction n’est pas une fin en soi, plutôt un cri d’alarme. Depuis, c’est vrai, des réseaux illégaux font venir des employées au Liban. Et la précarité de nos ressortissantes est encore plus grande. C’est pourquoi depuis le début 2009, nous travaillons à la rédaction d’un accord bilatéral entre le Liban et les Philippines, qui mettra fin à l’interdiction. Aujourd’hui, ce mémorandum est finalisé. Sa signature devrait intervenir très rapidement.

Quels sont les termes de cet accord bilatéral ?
Les termes restent encore confidentiels. Je peux vous dire cependant que les deux gouvernements acceptent d’assumer leurs responsabilités. Pour sa part, les Philippines estiment devoir préparer les travailleurs migrants aux réalités professionnelles qui les attendent en mettant en place des programmes de formations. Les employeurs auront alors l’opportunité d’engager des employées plus compétentes, plus qualifiées. Nous réclamons également la mise en place d’un salaire minimum de 400 dollars mensuels.
 

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