Nabih Maroun, fondateur et propriétaire de La Gondole, souffle les 55 bougies de cette enseigne, rachetée en 1956 et devenue une référence en matière de longévité dans la restauration libanaise. Avec une surface de 1 500 m2, une capacité assise de 80 places et un ticket moyen de 17 dollars, La Gondole attire politiciens, hommes d’affaires, enseignants et étudiants « devenus nos amis ». Il propose un service de traiteur et des pâtisseries et glaces à emporter. La formule continue de fonctionner et, après cinq décennies, le public est toujours au rendez-vous.
Aujourd’hui âgé de 85 ans, Maroun reste aux commandes avec son épouse Hoda qui a rejoint l’affaire en 1990. Depuis, le travail s’accomplit en duo. Pour eux, le succès et la longévité sont le résultat d’un « accueil chaleureux, d’une présence constante, d’une persévérance durant les bons comme les mauvais jours, d’un suivi quotidien des opérations et de l’attention aux besoins du marché. » Issu d’une famille de commerçants, Maroun quitte l’école avec son brevet en poche. Il travaille au ministère des Télécommunications puis, profitant de ses indemnités de départ, rachète en septembre 1956 les parts de la pâtisserie La Gondole située à Mar Élias pour 8 000 livres libanaises. Le retour sur investissement est « presque immédiat ». Il innove en introduisant « la glace à la française, le chocolat sans emballage et le pain au lait ». Il est l’un des premiers à offrir au Liban le gâteau “forêt-noire” avec une recette “rapportée d’Autriche” en 1965. Fort de son succès auprès de publics divers – « même la marine américaine au Liban venait s’approvisionner en pâtisseries » –, il ouvre en 1959 une enseigne à Broummana, à l’hôtel Printania « sans payer de loyer ». Sa popularité est telle qu’il passe de 10 à 150 employés en quelques mois et enregistre des chiffres record durant les fêtes : ainsi, les enseignes vendent à elles deux plus « d’une tonne de dragées, 1 000 bûches et deux tonnes de chocolats pendant les fêtes de Noël, plus de 60 000 “maamouls” et 7 000 œufs en chocolat les week-ends de Pâques, et plus de 900 forêts-noires et autres gâteaux les week-ends de la fête de la Vierge ». Cependant, les événements de 1982 contraignent l’enseigne de Broummana à fermer ses portes.
Entre-temps, Maroun déménage en 1965 son enseigne beyrouthine dans son local actuel toujours à Mar Élias, élargit sa cuisine pour assurer un service de traiteur et d’organisation d’événements : « À l’époque on investissait sans réfléchir, on sortait simplement l’argent d’un tiroir. » Il compte parmi ses clients Yasser Arafat « qui a commandé un jour 75 moutons rôtis et m’a réglé en dollars. Je pense être le premier au Liban à avoir encaissé avec cette devise ».
Au début des années 70, la pâtisserie se transforme en restaurant qui continue d’opérer même aux pires moments de la guerre. Pour Maroun, père de quatre enfants – Milia, styliste, Nabih Jr, consultant financier, et Samer et Mazen, qui ont suivi la voie de leur père –, vient alors le temps du changement. En 1998, Samer rénove le concept introduisant les formules moules-frites et les plats du jour. L’investissement pour « cette remise à neuf avoisine les 750 000 dollars amortis en trois ans ». La Gondole ouvre sous forme de bar à huîtres à Achrafié en 1999 avec un investissement de 300 000 dollars, mais la famille décide de fermer l’enseigne en 2004 pour permettre à Samer et Mazen de se consacrer au développement des restaurants Olio et Soto. Quant à ces projets « je les laisse à mes enfants que j’encourage et conseille, poursuit Maroun, avec un mot d’ordre : Travaillez de vos mains et fidélisez vos équipes ».
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