Un article du Dossier

Huile d'olive libanaise

La marque Zejd, qui signifierait “huile” en phénicien, a été lancée en 2008 sur le marché libanais. « C’est un clin d’œil à l’histoire plurimillénaire de l’huile d’olive libanaise », explique Youssef Farès, fondateur d’Olive Trade, l’entreprise qui commercialise cette huile d’olive extravierge. La famille de Youssef Farès possède une oliveraie de 24 hectares à Baino dans le Akkar. « Mais nous n’arrivions pas à vendre notre huile. Car les distributeurs attendaient qu’elle se soit transformée en “huile lampante”, c’est-à-dire en une huile trop vieille pour être consommée pour l’acheter à un prix plancher. Notre production n’était pas rentable.  »
Lorsqu’il reprend l’affaire familiale, après avoir terminé ses études à l’Essec (France), cet ingénieur agronome constate que s’il veut « faire quelque chose » de l’oliveraie familiale, il lui faut sauter l’intermédiaire pour atteindre le consommateur directement. Et développer une marque libanaise d’huile d’olive vierge extra. Avant de se lancer toutefois, il modernise son outil de production : le pressoir familial étant obsolète, il achète un moulin moderne. « La plupart de ce que je croyais connaître de la culture de l’olive, ces choses que j’avais apprises dans mon enfance, se sont révélées inappropriées. Je croyais ainsi que l’olivier était un arbre qui n’avait nul besoin d’engrais. Or c’est faux, si l’on veut égaliser les récoltes d’une année sur l’autre, il faut notamment lui apporter des nutriments. » En tout, il investit, dit-il, 500 000 dollars. « On a choisi une reconversion en bio, certifié par IMC, parce que le bio est une niche qui nous permet de justifier d’un prix plus élevé que l’huile espagnole ou syrienne. En l’absence de normes pour l’huile d’olive, le cahier des charges bio garantit également aux consommateurs certaines règles de culture et de production. » Aujourd’hui, Youssef Farès produit une centaine de tonnes d’huile d’olive par an et vit de son travail. Il traite pour le compte d’autres producteurs une autre centaine de tonnes. « Nous avons construit une usine qui pour l’heure travaille à 10 % de ses capacités. » Il a également diversifié sa gamme en proposant des huiles pimentées, des tapenades, des olives en bocal… « Pour pénétrer le marché, il faut avoir une gamme élargie. Avec simplement une seule huile d’olive, vous n’êtes pas un fournisseur suffisamment important pour intéresser les réseaux de distribution. » Mais ce n’est pas parce qu’on retrouve son huile au Bon Marché (Paris), que Youssef Farès oublie l’importance au Liban de la vente directe : on peut toujours s’approvisionner chez lui à Baino où l’oléiculteur organise régulièrement des journées portes ouvertes, pour mieux faire connaître son huile.

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