Un article du Dossier

Bateaux de plaisance : les marinas sont bondées

Quelques agences se partagent le marché des bateaux de plaisance au Liban. La plus vieille date des années 1970, la plus récente a vu le jour en 2012. Contrairement aux voitures, où le service après-vente est simple et peu cher, les bateaux requièrent un entretien régulier et coûteux, source de revenus souvent importante pour les concessionnaires. La plupart des agences complètent leur chiffre d’affaires par des activités annexes : gestion de bateaux pour propriétaires absents, vente de bateaux de seconde main, locations de bateaux à la journée pour plaisanciers en quête d’évasion, vente d’accessoires… Le chiffre d’affaires de ces entreprises, et par extension du secteur, n’est pas divulgué. Il varie cependant considérablement d’une année à l’autre : la vente d’un seul gros bateau peut rapporter autant que celle de dix (ou plus !) bateaux plus petits.
 

Blue Point Yachting : entre Chypre et Beyrouth
Blue Point Yachting a d’abord été fondée à Chypre en 2006 par Marios Iordanou pour représenter les marques de bateaux de plaisance italien Azimut et américain Sea Ray. En 2008, la société s’installe au Liban, via une joint-venture avec Firas Khalifé.
« En 2005, il y avait quatre bateaux Azimut à l’eau, aujourd’hui, il y en a 30 », annonce Khalifé, qui bénéficie de la vigueur de ses deux marques à l’international. « Azimut est l’une des rares sociétés à ne pas avoir de dettes, elle est privée et son propriétaire Paolo Vitelli réinvestit tous les profits pour consolider sa croissance », affirme le directeur général ; et Sea Ray, spécialisé dans les bateaux de sport nautique à destination d’un public plus jeune, est le premier producteur de bateaux aux États-Unis : « La marque est tellement sûre de la solidité de ses bateaux qu’elle offre une garantie à vie si le bateau reste entre les mains d’une seule personne. »
En 2010, la société a également obtenu la représentation d’Elan, des bateaux à voile construits en Slovénie. « Nous en avons vendu deux à Chypre, mais aucun encore au Liban, c’est un marché qui prendra une dizaine d’années à se développer », estime Firas Khalifé.
La société emploie sept personnes au Liban et 12 à Chypre, où elle a deux bureaux (un à Limassol et un à Larnaca). Elle offre des services d’entretien et de gestion de bateaux (enregistrement, formalités d’entrée et de sortie, paiement des salaires de l’équipage…). La société fait également des ventes de seconde main des bateaux qu’elle reprend, mais c’est marginal. « Je n’ai aucun bateau en stock », affirme le directeur.
D’ici à la fin de l’année 2012, elle aura installé un deuxième bureau, qui deviendra son bureau principal, au centre-ville de Beyrouth en face de la marina. À terme, Firas Khalifé affirme avoir des plans, qu’il ne souhaite pas encore partager, pour un développement régional.

Dolphin Team : de l’entretien des bateaux à leur vente
Le capitaine Hani el-Hajj s'est longtemps occupé de l'entretien des bateaux, avant de créer la société de droit libanais Dolphin Team en 2008 pour en vendre. Depuis 2011, il est l’agent des bateaux à moteur anglais Crowline et de la marque française Beneteau, qui fabrique aussi bien des bateaux à moteur que des bateaux à voile.
Une partie importante de son chiffre d’affaires provient de l’activité de location de bateaux. Dolphin Team possède neuf bateaux en propre et en gère 12  autres pour le compte de leurs propriétaires, souvent basés à l’étranger. « Nous avons l’exclusivité des locations de bateaux pour les plaisanciers au Mövenpick, affirme Hani el-Hajj. Un bateau de 7,5 mètres pour quatre à cinq personnes coûte dans les
1 500 dollars la journée. » Le capitaine travaille également à développer son chiffre d'affaires par la vente de bateaux de seconde main et d'accessoires de sécurité, à côté des services d’entretien et de réparation habituels.
Dolphin Team emploie près de 40 personnes au Liban. La société a également des bureaux à Athènes et à Chypre.
Hani el-Hajj travaille actuellement à la mise en place d’une école de navigation avec un organisme international. De nouveaux bureaux, de 800 mètres carrés, sont en cours de construction.

Team 9 : le passionné de sports nautiques
Team 9 est sur le marché des yachts depuis 1978, ce qui en fait la plus vieille agence du marché. Son propriétaire, Alecco Chiha, est l’ancien champion du Liban de ski nautique, catégorie sauts. « À la fin des années 1970, j’étais aux États-Unis et j’ai rencontré le propriétaire des bateaux de ski nautique Correct Craft ; j’en ai acheté trois ou quatre et les ai ramenés au Liban. C’est comme ça que tout a commencé. » Aujourd’hui, Alecco Chiha représente des marques américaines : Marquis Yacht, Monterey, Westport, Wellcraft (bateaux de pêche), Scarab (bateaux de pêche), Correct Craft (bateaux de sport nautique) et Nautica (bateaux gonflables). 
S’il lui arrive de vendre des bateaux de deuxième main, ce sont généralement des bateaux repris lors de nouvelles ventes. « Je n’en importe pas de l’étranger. »
Outre la vente de bateaux, Team 9 est spécialisée dans tout ce qui a trait aux sports nautiques : skis, kayaks, gilets de sauvetage, combinaisons… ainsi que dans les accessoires pour les bateaux (passerelles, batteries…), généralement importés d’Europe. La société occupe un showroom de 800 mètres carrés à Dbayé, emploie 15 personnes et a recours à des fournisseurs externes pour l’entretien des bateaux. Elle offre également des services de gestion de marina : elle s’occupe de celle de Florida Beach, à Batroun.
Un nouveau showroom/garage/entrepôt d’hiver de 70 000 mètres carrés est actuellement en construction à Batroun.

Yacht Vision : des marques italiennes et espagnoles
Yacht Vision a été créée en 2008 par le capitaine Roger Daou, qui bénéficie d’une longue expérience en tant que capitaine de bateau à l’ATCL et à Solidere. Il est l’agent exclusif des marques italiennes Absolute et Ranieri, ainsi que de la marque espagnole Astondora. En 2010, il a obtenu la représentation de Jeanneau, la marque française de bateaux à voile et à moteur.
Yacht Vision offre des services de gestion de bateaux, de réparation et de vente de bateaux en deuxième main. Il emploie sept personnes environ et se développe dans les pays arabes (Koweït, Qatar) en s’associant avec un partenaire local.
C’est la vente de bateaux neufs qui contribue le plus au chiffre d’affaires de la société.

Chehab Marine : l’agent des bateaux Princess
Chehab Marine a été créée en 2003 par Mohammad Chéhab, qui avait commencé à vendre des bateaux de la marque italienne Cranchi dès 1993. Aujourd’hui, Chehab Marine représente la marque anglaise Princess dans tout le Moyen-Orient, et Cranchi au Liban, en Turquie, « et bientôt en Égypte », affirme Moustapha Chéhab, directeur marketing de la société (sans lien de parenté avec le propriétaire).
Princess, qui appartient au groupe LVMH, est l’une des marques de bateaux qui se vendent le mieux au Liban, en raison de
« son bon rapport qualité/prix ».
La société vend aussi les bateaux gonflables Avon et Arimar, ainsi que les bateaux à moteur Rinker.
Une grande partie du chiffre d’affaires de la société, qui emploie une cinquantaine de personnes, est réalisée via les ventes de bateaux de seconde main. Elle propose des services d’entretien, de gestion de bateaux, de ventes d’accessoires, etc. « Nous avons un centre de services à Dbayé de 1 500 mètres carrés, près de la Marina », explique Moustapha Chéhab.
La société investit dans un showroom sur l’autoroute de Dora, qui devrait être prêt d’ici à fin 2013.

Sailing Plus : l'agent de Sunseeker
Sailing Plus a été fondée en 1982 par César Abi Akl et son frère Roger. « Nous avons démarré en construisant de petits bateaux de cinq-sept mètres dans un chantier en face de la maison pour faire de la plongée et de la pêche », raconte Roger Abi Akl.
Aujourd'hui, Sailing Plus a abandonné la fabrication et opté pour la vente des bateaux à moteur anglais Sunseeker, émiriens IMG, italiens Benetti, des voiliers suédois Hanse et des catamarans français Catana. « La majorité de nos acheteurs sont libanais, mais parfois, un ou deux Saoudiens achètent de très gros bateaux, et notre chiffre d'affaires explose. »
L'activité de vente de bateaux de seconde main est celle qui contribue le plus au chiffre d'affaires de Sailing Plus. « Nous avons obtenu la licence de Sunseeker il y a moins d'un an, nous comptons beaucoup sur la marque pour développer notre chiffre d'affaires », annonce l'agent.
Sailing Plus emploie une vingtaine de personnes en basse saison, une cinquantaine en haute saison. La société possède une dizaine de bateaux, et peut en louer entre 60 et 100 aux vacanciers désireux de passer une journée en mer.

C-Motions Marine : le nouveau challenger
C-Motions a vu le jour en 2010 après que son fondateur Karim Chammas a abandonné sa carrière de consultant chez Deloitte & Touch pour se consacrer à sa passion : « C’est mon oncle qui m’a initié aux plaisirs de la mer, raconte le jeune homme. J’ai acheté mon premier bateau en 2006, avec des amis. »
C’est en effectuant des recherches pour le développement d’un club nautique (qui devrait aboutir un jour) qu’il entre en contact et achète des bateaux des marques qu’il représente aujourd’hui : Emocean Marine (émirienne), Sessa Marine (italienne) et KeyLargo par SessaMarine. Il en est aujourd’hui l’agent exclusif pour le Liban.
Le jeune homme a financé son entreprise grâce à ses apports personnels et le soutien de sa famille. Son bureau est installé près de la Marina de Dbayé, sur la route côtière. Il n’a pas encore de showroom. « Pour le moment, je fonctionne par le bouche-à-oreille et en étant présent aux boats shows. J’ai de la chance, ces marques sont en progression mondiale malgré la crise, et deux des bateaux de Sessa Marine ont reçu les trophées du meilleur design en 2010 et 2011 aux boat shows de Cannes. » Il sous-traite la partie entretien à des fournisseurs externes.
Pour le futur, il planifie d’avoir un showroom et un espace pour la maintenance. Et il étudie actuellement un partenariat à l’échelle du Moyen-Orient pour représenter ses marques et d’autres d’ici à fin 2012 ou 2013.
 

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