Un article du Dossier
Le Liban débordé par l'afflux de réfugiés syriens
Au Liban, à défaut de camps de réfugiés érigés par l’État et gérés par les organisations humanitaires, plus de 6 000 Syriens installés dans la plaine de la Békaa louent à des propriétaires fonciers un emplacement pour planter leur tente. Président du comité directeur du centre des migrants de Caritas Liban, Kamal Sioufi met en garde contre les dangers de ce procédé.
Comment s’organisent ces camps improvisés ?
Des propriétaires libanais ont décidé de diviser leur champ en parcelles de cinq à six mètres carrés. Chacune est louée environ 200 dollars pour six mois à une famille qui y plante sa tente.
Ce n’est pas une petite somme pour des réfugiés qui n’ont aucun revenu. Il arrive que des familles doivent partir du camp, car elles n’ont plus assez d’argent.
Quand ce phénomène est-il apparu ?
Ces camps existaient avant la crise syrienne. Ils hébergeaient des migrants syriens qui travaillaient dans l’agriculture ou la construction, ainsi que des bédouins. Avec l’arrivée des réfugiés, ils se sont multipliés. On en trouve maintenant à Bar Élias, Dalhamiyé, Faour, Terbol, Marj, Karak et à d’autres endroits encore. En tout, Caritas a recensé 1 230 familles, soit 6 700 réfugiés vivant dans 1 000 tentes. Certaines ont aussi été identifiées à Tripoli et Saïda, preuve que ce phénomène est en voie d’expansion.
Selon votre expérience internationale, la location privée d’un emplacement pour une tente à un réfugié est-elle habituelle lors d’une crise humanitaire ?
Absolument pas, c’est la première fois que cela arrive. Ériger des camps de réfugiés relève normalement des États limitrophes du pays en guerre. Au Liban, on se retrouve dans une situation unique où le gouvernement refuse d’endosser cette responsabilité, contrairement à la Turquie ou la Jordanie. Cela encourage donc certains Libanais à répondre aux besoins des réfugiés moyennant profit.
Quelle est votre attitude par rapport à ces propriétaires libanais ?
Nous entretenons de bons rapports avec eux pour qu’ils continuent d’héberger les réfugiés, car le danger est qu’ils décident de reprendre leur terrain et que les Syriens se retrouvent sans hébergement. On les aide à installer l’électricité par exemple. Mais on ne paie jamais les loyers, pour une question tant de principe que légale. Notre intervention au Liban est très importante, car nous assumons des tâches qui incombent normalement à l’État et non pas aux seules ONG. Lors de nos réunions avec les autorités, les ministres concernés font preuve de bonne volonté, mais sur le terrain on ne voit aucune évolution. Il faut que le gouvernement se réveille, car ce manque d’assistance va aussi encourager la délinquance qui aura des répercussions sur la société libanaise : vol, réseaux de prostitution... car il est humain de tout faire pour survivre quand on n’a plus rien.
Des propriétaires libanais ont décidé de diviser leur champ en parcelles de cinq à six mètres carrés. Chacune est louée environ 200 dollars pour six mois à une famille qui y plante sa tente.
Ce n’est pas une petite somme pour des réfugiés qui n’ont aucun revenu. Il arrive que des familles doivent partir du camp, car elles n’ont plus assez d’argent.
Quand ce phénomène est-il apparu ?
Ces camps existaient avant la crise syrienne. Ils hébergeaient des migrants syriens qui travaillaient dans l’agriculture ou la construction, ainsi que des bédouins. Avec l’arrivée des réfugiés, ils se sont multipliés. On en trouve maintenant à Bar Élias, Dalhamiyé, Faour, Terbol, Marj, Karak et à d’autres endroits encore. En tout, Caritas a recensé 1 230 familles, soit 6 700 réfugiés vivant dans 1 000 tentes. Certaines ont aussi été identifiées à Tripoli et Saïda, preuve que ce phénomène est en voie d’expansion.
Selon votre expérience internationale, la location privée d’un emplacement pour une tente à un réfugié est-elle habituelle lors d’une crise humanitaire ?
Absolument pas, c’est la première fois que cela arrive. Ériger des camps de réfugiés relève normalement des États limitrophes du pays en guerre. Au Liban, on se retrouve dans une situation unique où le gouvernement refuse d’endosser cette responsabilité, contrairement à la Turquie ou la Jordanie. Cela encourage donc certains Libanais à répondre aux besoins des réfugiés moyennant profit.
Quelle est votre attitude par rapport à ces propriétaires libanais ?
Nous entretenons de bons rapports avec eux pour qu’ils continuent d’héberger les réfugiés, car le danger est qu’ils décident de reprendre leur terrain et que les Syriens se retrouvent sans hébergement. On les aide à installer l’électricité par exemple. Mais on ne paie jamais les loyers, pour une question tant de principe que légale. Notre intervention au Liban est très importante, car nous assumons des tâches qui incombent normalement à l’État et non pas aux seules ONG. Lors de nos réunions avec les autorités, les ministres concernés font preuve de bonne volonté, mais sur le terrain on ne voit aucune évolution. Il faut que le gouvernement se réveille, car ce manque d’assistance va aussi encourager la délinquance qui aura des répercussions sur la société libanaise : vol, réseaux de prostitution... car il est humain de tout faire pour survivre quand on n’a plus rien.