Un article du Dossier
Éducation : profs au bord de la crise de nerfs
Fille d’agriculteur, elle fuit la guerre pour s’installer en France, y suivre des études de langue étrangère appliquée et devenir traductrice. Elle revient au Liban à la fin des années 1980 et est recrutée comme professeure de français au collège Louise Wegmann. « Je pensais que cela ne serait qu’une parenthèse dans ma carrière de traductrice, mais cet emploi s’est avéré beaucoup plus conciliable avec une vie familiale. »
C’est donc toujours en tant que professeure de français qu’elle intègre l’équipe pédagogique du Collège protestant deux ans plus tard. « L’environnement de travail y est différent : la mixité sociale est plus grande même si la scolarisation est facturée aux alentours des 6 000 dollars annuels… »
Si elle se considère comme privilégiée par rapport à ses collègues du public, elle confesse ressentir parfois une certaine usure : « J’entends tout le temps dire que nous ne travaillons qu’une vingtaine d’heures, mais ce ne sont pas des heures passées assis derrière un bureau : il faut être tout le temps alerte et si on compte la préparation des cours et les corrections de copies, on peut facilement ajouter une quinzaine d’heures... D’ailleurs, je ne compte plus le nombre de fois où mon mari s’est plaint de me voir travailler le dimanche… »
Il faut aussi être disponible pour des parents qui veulent suivre leurs chérubins à la trace et qui, grâce au tournant numérique, peuvent notamment consulter la liste des devoirs en ligne. Une tâche qui s’ajoute à l’heure hebdomadaire qu’elle doit dégager de son emploi du temps pour ceux qui désirent être reçus.
Le métier n’en reste pas moins “rafraîchissant”, car il faut sans cesse se remettre en question, revoir ses méthodes et s’assurer que son discours reste accessible pour tous. Et les nouvelles technologies ont parfois du bon : « Avec les réseaux sociaux, mes anciens élèves me tiennent au courant de la suite de leurs parcours. L’un d’eux m’a par exemple écrit que les plus beaux textes qu’il ait lus sont ceux qu’on a étudié en cours. C’est dans ces moments-là qu’on réalise que l’on a laissé une trace et que cela vaut vraiment la peine de faire ce métier !»