Un article du Dossier
Placements : 2013, année erratique pour l’économie mondiale
À l’opposé des marchés de capitaux, celui des matières premières ne semble pas bénéficier directement des effets des politiques d’assouplissement quantitatif menées par la plupart des banques centrales. Depuis l’annonce du dernier programme d’assouplissement de la Réserve fédérale américaine, en septembre, l’indice Dow Jones UBS Commodity a reculé de 12 %, alors que les programmes précédents avaient rapidement été suivis de hausses d’environ 30 %. L’indice global des cours des produits de base du FMI a, lui, enregistré une baisse de 9 % entre son pic d’avril 2011 et février 2013. Assisterait-on à la fin du “supercycle” des matières premières ? On définit ainsi la phase d’élévation des cours à un niveau nettement supérieur à la moyenne habituelle qui a commencé au début de ce siècle, avec l’accession à l’Organisation mondiale du commerce de la Chine, le plus gros consommateur mondial de matières premières.
La question divise les observateurs : deux analyses opposées ont été publiées à ce sujet en mai 2013. Dans son bulletin hebdomadaire, JPMorgan AM opte pour l’affirmative en insistant sur la détérioration de l’équilibre entre l’offre et la demande dans un contexte de transition en Chine entre une croissance tirée par l’investissement et un modèle centré sur la consommation. La dernière édition du rapport du cercle Cyclope affirme au contraire que les phases de correction observées ne traduisent pas la fin durable des hausses de prix sur la plupart des marchés en mettant en avant la permanence des facteurs favorables à la demande. En attendant que le débat soit tranché, la plupart des analystes recommandent de conserver les matières premières dans un portefeuille d’investissements en prenant toutefois en compte les spécificités propres à chaque catégorie.
Baisse du prix du pétrole
Sur les marchés énergétiques, le cours du Brent a perdu 11 dollars sur les cinq premiers mois de l’année. Ce recul résulte notamment d’une demande mondiale faible, particulièrement en Europe. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la baisse des prix pourrait s’accentuer à l’avenir, du fait de la réduction sensible des importations de pétrole des États-Unis en lien avec la révolution énergétique qu’ils vivent. Tarek el-Ahdab, vice-président de l’Arab Finance Corporation, croit plutôt à une réallocation de la demande mondiale : « En raison des besoins toujours croissants des nouvelles classes moyennes des pays émergents, les prix vont monter tant que l’on n’aura pas développé d’alternatives crédibles au pétrole. »
Les marchés du gaz naturel, très disparates selon les continents, sont beaucoup plus difficiles à évaluer. À long terme, “l’âge d’or” prédit par l’AIE (voir Le Commerce du Levant n° 5635) pourrait conduire à une baisse des prix ; à court terme, le FMI anticipe une hausse globale des cours du gaz naturel, impulsée là encore par le marché nord-américain. « Un prix soutenu du gaz poussera les centrales thermiques à lui substituer du charbon, seconde source en énergie primaire utilisée au niveau mondial et celle ayant enregistré la plus forte croissance depuis le début du siècle », selon Christina Azouri, conseillère en placements au Crédit Agricole Suisse Liban.
Au final, les prévisionnistes du FMI s’attendent à ce que les prix de l’énergie baissent de près de 3 %. Ils soulignent toutefois que ces perspectives restent soumises à de très nombreux aléas.
Métaux : quelques opportunités dans un marché baissier
Les perspectives des cours des métaux sont, quant à elles, étroitement liées à l’évolution de l’économie chinoise, de loin le plus gros consommateur mondial : la baisse globale des cours enregistrée depuis 2011 découle notamment du ralentissement de la consommation et de la faiblesse de la demande d’importation dans l’ancien empire du Milieu. Le cuivre est particulièrement emblématique à cet égard : 40 % de la demande provient de Chine où il serait principalement utilisé comme instrument de financement, notamment dans les transactions immobilières. « Une probable interdiction de l’utilisation du cuivre comme collatéral de la part du gouvernement devrait mettre les prix sous pression et toute hausse peut être considérée comme une occasion de vente éventuelle », avise Christina Azouri. « Il y a de vraies opportunités sur les métaux à usage industriel, comme le platine par exemple, qui devraient profiter d’une reprise de l’activité économique en général et pour lesquels l’offre est actuellement limitée », conseille de son côté Ali Janoudi, CEO Mena à UBS.
L’or semble quant à lui avoir perdu une part de son éclat en tant que valeur refuge depuis la très forte secousse enregistrée mi-avril où il atteint son plus bas niveau depuis trente ans au Comex après une chute de près de 10 % sur une seule séance. Plusieurs causes ont été évoquées, parmi lesquelles les anticipations de mauvais résultats en Chine ou des craintes de vente massives des pays d’Europe du Sud pour combler leurs déficits, mais elles peinent à justifier la brutalité de la correction. Une autre possibilité réside dans une éventuelle manipulation des cours : « Parmi les plus gros vendeurs de cette séance, on trouve les grosses banques américaines, qui sont des leviers de la Fed. Or, le meilleur moyen de convaincre qu’il n’y a pas d’inflation, et par conséquent que la poursuite de l’assouplissement quantitatif est justifié, est le bas niveau des cours des métaux précieux… », soupçonne Youssef Kamel, cofondateur de Future Trends Capital Funds. Depuis, les cours ont rebondi grâce à une nette reprise de la demande de lingots de la Chine et surtout de l’Inde, sans pour autant retrouver le seul symbolique des 1 500 dollars l’once. Dans ce contexte, les avis divergent : « L’or ne me paraît pas très intéressant en ce moment. Du fait des liquidités et de l’attrait du marché des actions, la correction de l’or devrait se poursuivre, sans doute de manière plus continue », présage Tarek el-Ahdab. Youssef Kamel, lui, pense que cela reste l’un des meilleurs placements à long terme : « Les niveaux actuels offrent une vraie opportunité sur l’or mais aussi sur l’argent qui récompenseront largement les investisseurs en cas de brusque retour de l’inflation. »
Des prix agricoles en baisse, mais prêts à rebondir
Depuis leur vif rebond provoqué à l’été 2012 par la sécheresse aux États-Unis et en Europe centrale et orientale, les prix des produits agricoles se sont quant à eux globalement repliés. Mais la très forte sensibilité des cours aux caprices de la météo et le faible niveau des stocks mondiaux pourraient entraîner une nouvelle flambée des prix en cas de choc climatique important. Le niveau des stocks est notamment dû, selon les auteurs du rapport Cyclope, aux effets néfastes des politiques d’ajustement structurels menées dans les dernières décennies par le FMI et la Banque mondiale qui ont entraîné une nette diminution de la production agricole des pays en développement.
La question divise les observateurs : deux analyses opposées ont été publiées à ce sujet en mai 2013. Dans son bulletin hebdomadaire, JPMorgan AM opte pour l’affirmative en insistant sur la détérioration de l’équilibre entre l’offre et la demande dans un contexte de transition en Chine entre une croissance tirée par l’investissement et un modèle centré sur la consommation. La dernière édition du rapport du cercle Cyclope affirme au contraire que les phases de correction observées ne traduisent pas la fin durable des hausses de prix sur la plupart des marchés en mettant en avant la permanence des facteurs favorables à la demande. En attendant que le débat soit tranché, la plupart des analystes recommandent de conserver les matières premières dans un portefeuille d’investissements en prenant toutefois en compte les spécificités propres à chaque catégorie.
Baisse du prix du pétrole
Sur les marchés énergétiques, le cours du Brent a perdu 11 dollars sur les cinq premiers mois de l’année. Ce recul résulte notamment d’une demande mondiale faible, particulièrement en Europe. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la baisse des prix pourrait s’accentuer à l’avenir, du fait de la réduction sensible des importations de pétrole des États-Unis en lien avec la révolution énergétique qu’ils vivent. Tarek el-Ahdab, vice-président de l’Arab Finance Corporation, croit plutôt à une réallocation de la demande mondiale : « En raison des besoins toujours croissants des nouvelles classes moyennes des pays émergents, les prix vont monter tant que l’on n’aura pas développé d’alternatives crédibles au pétrole. »
Les marchés du gaz naturel, très disparates selon les continents, sont beaucoup plus difficiles à évaluer. À long terme, “l’âge d’or” prédit par l’AIE (voir Le Commerce du Levant n° 5635) pourrait conduire à une baisse des prix ; à court terme, le FMI anticipe une hausse globale des cours du gaz naturel, impulsée là encore par le marché nord-américain. « Un prix soutenu du gaz poussera les centrales thermiques à lui substituer du charbon, seconde source en énergie primaire utilisée au niveau mondial et celle ayant enregistré la plus forte croissance depuis le début du siècle », selon Christina Azouri, conseillère en placements au Crédit Agricole Suisse Liban.
Au final, les prévisionnistes du FMI s’attendent à ce que les prix de l’énergie baissent de près de 3 %. Ils soulignent toutefois que ces perspectives restent soumises à de très nombreux aléas.
Métaux : quelques opportunités dans un marché baissier
Les perspectives des cours des métaux sont, quant à elles, étroitement liées à l’évolution de l’économie chinoise, de loin le plus gros consommateur mondial : la baisse globale des cours enregistrée depuis 2011 découle notamment du ralentissement de la consommation et de la faiblesse de la demande d’importation dans l’ancien empire du Milieu. Le cuivre est particulièrement emblématique à cet égard : 40 % de la demande provient de Chine où il serait principalement utilisé comme instrument de financement, notamment dans les transactions immobilières. « Une probable interdiction de l’utilisation du cuivre comme collatéral de la part du gouvernement devrait mettre les prix sous pression et toute hausse peut être considérée comme une occasion de vente éventuelle », avise Christina Azouri. « Il y a de vraies opportunités sur les métaux à usage industriel, comme le platine par exemple, qui devraient profiter d’une reprise de l’activité économique en général et pour lesquels l’offre est actuellement limitée », conseille de son côté Ali Janoudi, CEO Mena à UBS.
L’or semble quant à lui avoir perdu une part de son éclat en tant que valeur refuge depuis la très forte secousse enregistrée mi-avril où il atteint son plus bas niveau depuis trente ans au Comex après une chute de près de 10 % sur une seule séance. Plusieurs causes ont été évoquées, parmi lesquelles les anticipations de mauvais résultats en Chine ou des craintes de vente massives des pays d’Europe du Sud pour combler leurs déficits, mais elles peinent à justifier la brutalité de la correction. Une autre possibilité réside dans une éventuelle manipulation des cours : « Parmi les plus gros vendeurs de cette séance, on trouve les grosses banques américaines, qui sont des leviers de la Fed. Or, le meilleur moyen de convaincre qu’il n’y a pas d’inflation, et par conséquent que la poursuite de l’assouplissement quantitatif est justifié, est le bas niveau des cours des métaux précieux… », soupçonne Youssef Kamel, cofondateur de Future Trends Capital Funds. Depuis, les cours ont rebondi grâce à une nette reprise de la demande de lingots de la Chine et surtout de l’Inde, sans pour autant retrouver le seul symbolique des 1 500 dollars l’once. Dans ce contexte, les avis divergent : « L’or ne me paraît pas très intéressant en ce moment. Du fait des liquidités et de l’attrait du marché des actions, la correction de l’or devrait se poursuivre, sans doute de manière plus continue », présage Tarek el-Ahdab. Youssef Kamel, lui, pense que cela reste l’un des meilleurs placements à long terme : « Les niveaux actuels offrent une vraie opportunité sur l’or mais aussi sur l’argent qui récompenseront largement les investisseurs en cas de brusque retour de l’inflation. »
Des prix agricoles en baisse, mais prêts à rebondir
Depuis leur vif rebond provoqué à l’été 2012 par la sécheresse aux États-Unis et en Europe centrale et orientale, les prix des produits agricoles se sont quant à eux globalement repliés. Mais la très forte sensibilité des cours aux caprices de la météo et le faible niveau des stocks mondiaux pourraient entraîner une nouvelle flambée des prix en cas de choc climatique important. Le niveau des stocks est notamment dû, selon les auteurs du rapport Cyclope, aux effets néfastes des politiques d’ajustement structurels menées dans les dernières décennies par le FMI et la Banque mondiale qui ont entraîné une nette diminution de la production agricole des pays en développement.