Un article du Dossier
Placements : 2013, année erratique pour l’économie mondiale
En dépit de perspectives économiques peu réjouissantes, avec au mieux un début de reprise aux États-Unis, le maintien des pays émergents et une zone euro qui a éloigné les perspectives d’implosion sans pour autant sortir de la nasse, les marchés financiers semblent avoir nettement repris des couleurs depuis la fin de l’année 2012. Les politiques monétaires menées depuis 2008, et en particulier les trois vagues d’assouplissement quantitatif mises en œuvre par la Réserve fédérale américaine (Fed) ont inondé les marchés financiers de liquidités. « Ces flux massifs, qui ont permis d’éviter que l’économie et la finance ne s’effondrent complètement, commencent à payer : les marchés considèrent que la crise est derrière nous », avance Patrick George, directeur de l’investissement et de l’allocation d’actifs à FFA Private Bank. Les marchés anticipent-ils une reprise à terme de la sphère réelle ou sont-ils aveuglés par un mirage de liquidités ? Derrière l’optimisme affiché de nombreux analystes, des zones d’ombre demeurent.
Une première interrogation tient à l’impact de ces années de création monétaire tous azimuts sur la stabilité des prix. Cette inquiétude est héritée de la longue période de stagflation dans laquelle ont été plongées les économies avancées à la suite des chocs pétroliers des années 1970. Pour l’instant, la plupart des indicateurs ne laissent pas présager un retour immédiat de l’inflation. Les prévisions du FMI faisaient ainsi état, en avril, d’une inflation mondiale pour 2013 aux alentours de 3,25 % avec des taux en diminution par rapport à l’année précédente dans la plupart des économies avancées (de 2 % à 1,75 % aux États-Unis et de 2,25 % à 1,5 % dans la zone euro). L’évolution sur le premier semestre de nombreux indicateurs généralement considérés par les économistes comme des révélateurs de l’inflation à venir, tels que le pétrole et surtout l’or, tend à confirmer cette hypothèse. Ils sont en très nette diminution sur l’année après une brutale correction, en ce qui concerne l’or. « L’inflation ne porte pas seulement sur les produits mais aussi sur l’offre monétaire, or ces politiques macroéconomiques engendrent déjà de l’inflation et ne peuvent, vu les niveaux colossaux de monnaie créée, que conduire à une situation d’hyperinflation. Les banques centrales se rassurent en se disant prêtes à stopper la machine aux premiers signes, mais elles ont pris, de leur propre aveu, des mesures sans précédents. Comment peuvent-elles être sûres qu’un resserrement de la politique monétaire sera suffisant à enrayer la spirale quand l’inflation apparaîtra ? » s’inquiète Youssef Kamel, cofondateur de Future Trends Capital Funds. Pour d’autres économistes en revanche, des poussées inflationnistes sont non seulement absentes mais souhaitables à court terme. Dans une chronique publiée le 2 mai dans le New York Times, Paul Krugmann plaide résolument pour le maintien de l’expansion monétaire et, s’il ne nie pas la nécessité de combattre l’inflation sur le long terme, considère qu’une augmentation générale des prix sera le seul moyen de sortir de la crise : « La crise financière nous a plongés dans une trappe à liquidités (…) c’est un cercle vicieux dans lequel une économie faible conduit à une inflation trop basse, ce qui entretient la faiblesse de l’économie. (…) En permettant [à une inflation trop basse] à court terme de perdurer, nous organisons un schéma d’échec économique sur le long terme et peut-être permanent. » Pour l’instant, cette thèse d’inspiration keynésienne continue d’être privilégiée par les grandes banques centrales, à l’exception de la Banque centrale européenne, mais les derniers travaux de la Fed font apparaître des dissensions en son sein sur ce point et nul doute que la question demeurera sensible tant que les politiques non conventionnelles seront maintenues…
Risque d’instabilité financière
Une autre interrogation, qui fait peut-être davantage consensus, porte sur l’impact de ces injections massives de liquidités sur la stabilité financière. Tout en soulignant que « le recours à des politiques monétaires non conventionnelles dans les pays avancés continue d’apporter un soutien essentiel à la demande globale », les rédacteurs du dernier Rapport sur la stabilité financière dans le monde du FMI s’inquiètent de ce qu’« une période prolongée de politique monétaire accommodante aura pour effet d’exacerber les facteurs de vulnérabilité et la sensibilité à une augmentation des taux d’intérêt ». En outre, la quantité considérable de monnaie en circulation favorise d’autant plus les comportements agressifs, voire la formation de bulles financières qu’une faible partie de ces liquidités est réinjectée dans une économie encore morose. « Je vois par exemple tous les signes d’un début de dégonflement voire d’éclatement de la bulle sur les bons du Trésor américain. Et cela risque d’être bien plus grave que la bulle “.com” ou la crise des “subprimes”, car dans ce cas-ci, les agents vont voir les actifs considérés a priori comme les plus sûrs se déprécier massivement et cette fois les États ne pourront plus jouer le rôle de prêteur en dernier ressort », présage Albert Letayf, PDG d’Optimum Invest. Dans un tel contexte d’incertitude, mieux vaut conserver une certaine prudence dans le choix et la répartition de ses placements. « On peut bien sûr jouer le momentum (NDLR : la tendance boursière d’évolution des prix), ce qui garantit de très forts retours à court terme, mais peut s’avérer très risqué car le retournement sera brutal et sanglant », avertit Youssef Kamel. « Le mieux reste de bien comprendre dans quoi on place son argent, de garder des portefeuilles bien diversifiés et de saisir les opportunités offertes par les éventuelles corrections des marchés ou certains placements alternatifs », conseille Georges Abboud, directeur de la banque privée de la Blom.
Une première interrogation tient à l’impact de ces années de création monétaire tous azimuts sur la stabilité des prix. Cette inquiétude est héritée de la longue période de stagflation dans laquelle ont été plongées les économies avancées à la suite des chocs pétroliers des années 1970. Pour l’instant, la plupart des indicateurs ne laissent pas présager un retour immédiat de l’inflation. Les prévisions du FMI faisaient ainsi état, en avril, d’une inflation mondiale pour 2013 aux alentours de 3,25 % avec des taux en diminution par rapport à l’année précédente dans la plupart des économies avancées (de 2 % à 1,75 % aux États-Unis et de 2,25 % à 1,5 % dans la zone euro). L’évolution sur le premier semestre de nombreux indicateurs généralement considérés par les économistes comme des révélateurs de l’inflation à venir, tels que le pétrole et surtout l’or, tend à confirmer cette hypothèse. Ils sont en très nette diminution sur l’année après une brutale correction, en ce qui concerne l’or. « L’inflation ne porte pas seulement sur les produits mais aussi sur l’offre monétaire, or ces politiques macroéconomiques engendrent déjà de l’inflation et ne peuvent, vu les niveaux colossaux de monnaie créée, que conduire à une situation d’hyperinflation. Les banques centrales se rassurent en se disant prêtes à stopper la machine aux premiers signes, mais elles ont pris, de leur propre aveu, des mesures sans précédents. Comment peuvent-elles être sûres qu’un resserrement de la politique monétaire sera suffisant à enrayer la spirale quand l’inflation apparaîtra ? » s’inquiète Youssef Kamel, cofondateur de Future Trends Capital Funds. Pour d’autres économistes en revanche, des poussées inflationnistes sont non seulement absentes mais souhaitables à court terme. Dans une chronique publiée le 2 mai dans le New York Times, Paul Krugmann plaide résolument pour le maintien de l’expansion monétaire et, s’il ne nie pas la nécessité de combattre l’inflation sur le long terme, considère qu’une augmentation générale des prix sera le seul moyen de sortir de la crise : « La crise financière nous a plongés dans une trappe à liquidités (…) c’est un cercle vicieux dans lequel une économie faible conduit à une inflation trop basse, ce qui entretient la faiblesse de l’économie. (…) En permettant [à une inflation trop basse] à court terme de perdurer, nous organisons un schéma d’échec économique sur le long terme et peut-être permanent. » Pour l’instant, cette thèse d’inspiration keynésienne continue d’être privilégiée par les grandes banques centrales, à l’exception de la Banque centrale européenne, mais les derniers travaux de la Fed font apparaître des dissensions en son sein sur ce point et nul doute que la question demeurera sensible tant que les politiques non conventionnelles seront maintenues…
Risque d’instabilité financière
Une autre interrogation, qui fait peut-être davantage consensus, porte sur l’impact de ces injections massives de liquidités sur la stabilité financière. Tout en soulignant que « le recours à des politiques monétaires non conventionnelles dans les pays avancés continue d’apporter un soutien essentiel à la demande globale », les rédacteurs du dernier Rapport sur la stabilité financière dans le monde du FMI s’inquiètent de ce qu’« une période prolongée de politique monétaire accommodante aura pour effet d’exacerber les facteurs de vulnérabilité et la sensibilité à une augmentation des taux d’intérêt ». En outre, la quantité considérable de monnaie en circulation favorise d’autant plus les comportements agressifs, voire la formation de bulles financières qu’une faible partie de ces liquidités est réinjectée dans une économie encore morose. « Je vois par exemple tous les signes d’un début de dégonflement voire d’éclatement de la bulle sur les bons du Trésor américain. Et cela risque d’être bien plus grave que la bulle “.com” ou la crise des “subprimes”, car dans ce cas-ci, les agents vont voir les actifs considérés a priori comme les plus sûrs se déprécier massivement et cette fois les États ne pourront plus jouer le rôle de prêteur en dernier ressort », présage Albert Letayf, PDG d’Optimum Invest. Dans un tel contexte d’incertitude, mieux vaut conserver une certaine prudence dans le choix et la répartition de ses placements. « On peut bien sûr jouer le momentum (NDLR : la tendance boursière d’évolution des prix), ce qui garantit de très forts retours à court terme, mais peut s’avérer très risqué car le retournement sera brutal et sanglant », avertit Youssef Kamel. « Le mieux reste de bien comprendre dans quoi on place son argent, de garder des portefeuilles bien diversifiés et de saisir les opportunités offertes par les éventuelles corrections des marchés ou certains placements alternatifs », conseille Georges Abboud, directeur de la banque privée de la Blom.