Antonio Vincenti : « Malgré les violences, la demande de publicité extérieure devrait rester continue »

Pikasso Iraq Ltd, filiale de la holding Yellow Spirit, est la première compagnie d’affichage en Irak, avec près de 2 000 supports publicitaires répartis dans tout le pays, selon Antonio Vincenti, PDG de Yellow Spirit. La filiale de la société libanaise a été créée en septembre 2003, quelques mois après la fin de l’offensive américaine. Cette installation s’intègre à la stratégie d’expansion du groupe Yellow Spirit au Levant et en Afrique du Nord, ce dernier étant également implanté en Jordanie et en Algérie, via sa filiale Lawhat. Jusqu’à la création en 2008 de Pikasso al-Machrek, basée à Erbil, Pikasso Iraq Ltd couvre également le Kurdistan. Les deux premières années d’activité, le gouvernement irakien est son principal client, avant que la demande des compagnies de téléphonie locale n’explose. Aujourd’hui, les sociétés irakiennes représentent près de 50 % du marché, quasiment à parts égales avec les multinationales (Pepsi, Nestlé, Procter & Gamble et plus récemment les marques automobiles…) ou les marques arabes du Golfe, qui ont fait leur apparition sur le marché publicitaire il y a cinq ans. « Les entreprises irakiennes de taille moyenne commencent à avoir recours à la publicité, mais le mouvement reste encore timide. Il faudra attendre quelques années pour que le marché local se développe », explique Antonio Vincenti. Les principaux concurrents de Pikasso Iraq Ltd sont des sociétés irakiennes (GEG, SSHC, Zamwa, Babylon, Rafidein), une société libanaise (Promomedia) et une société jordanienne (Diyar Outdoor). Le marché publicitaire en Irak pèserait entre 150 et 190 millions de dollars selon les sources, et le marché de l’affichage représenterait à lui seul 35 millions de dollars, selon le PDG de Yellow Spirit. Les derniers événements risquent cependant de peser sur le secteur de la publicité en Irak et ont déjà eu un impact sur les activités du groupe libanais. « L’acheminement de nos nouvelles affiches vers la région d’Anbar est impossible, car les routes sont coupées, et le temps de transport jusqu’à Bagdad a doublé. Depuis Erbil, où se trouve notre imprimerie, il nous faut environ dix heures pour atteindre la capitale en passant par Souleimaniyeh, au Kurdistan », explique Antonio Vincenti. La société dispose de cinq bureaux de représentation dans les grandes villes irakiennes, d’une dizaine d’entrepôts et plus de cent employés irakiens, même si la direction commerciale reste à Beyrouth. « Aucun des entrepôts n’a fermé, mais les employés ne se déplacent pratiquement pas entre les différentes régions, sauf cas exceptionnel », poursuit le PDG de Yellow Spirit. Le niveau des ventes de Pikasso Iraq Ltd demeure étroitement lié à l’évolution des violences. « Une partie des annonceurs ont reporté les campagnes publicitaires de juillet à août. Ils vont naviguer à vue, en attendant de voir s’ils parviennent à vendre et à distribuer leurs marchandises au cours des deux prochains mois. Mais la publicité extérieure s’adressant essentiellement aux entreprises de télécoms et à des sociétés qui vendent des produits de consommation courante, la demande devrait rester continue », précise Antonio Vincenti. La société libanaise peut par ailleurs compter sur son activité dans le sud de l’Irak. Depuis un an, Pikasso Iraq Ltd a en effet remporté la gestion exclusive de l’espace publicitaire de l’aéroport de Najaf pour une durée de dix ans. L’aéroport est fréquenté par 1,2 million de personnes, essentiellement des pèlerins visitant les villes saintes du sud de l’Irak.