Londres, fin juin, lors de son discours inaugurant le cinquantième sommet de l’Icann (l’organisme international qui gère les noms de domaine) son président Stefen Crocker salue « le travail de Nabil Bukhalid ». Une reconnaissance publique qui couronne plus de vingt années d’intense labeur pour l’un des pères fondateurs de l’Internet libanais qui dirige désormais Linc, « l’un des premiers modèles d’organisation multipartite appelée à gérer les noms de domaines “.lb” et les questions de gouvernance de l’Internet libanais ». (Voir Le Commerce du Levant n° 5654).
Tout commence à la fin des années 1980 lorsque Nabil Bukhalid, alors ingénieur à l’Université américaine de Beyrouth (AUB), cherche à relier des bases de données biomédicales et commence à s’intéresser aux réseaux informatiques. Deux ans après avoir pris la direction du réseau informatique interne qu’il met en place à l’AUB en 1991, il se rend à Stanford pour rencontrer certains pères fondateurs de l’Internet, comme Vint Cerf (inventeur du protocole TCP/IP), John Postel (inventeur et gestionnaire des noms de domaines DNS) et Randy Bush qui initiait alors des ingénieurs du monde entier au fonctionnement du nouveau réseau. Tout en suivant l’indispensable formation technique, il convainc Postel de lui confier la gestion des DNS libanaises tandis que Bush lui fournit gracieusement un serveur au sein de son organisation. « J’avais deux serveurs baptisés comme mes filles : Zeina, en Oregon, qui était connecté à l’Internet américain, et Leila, au Liban, qui y était relié par accès commuté “Dial-up”. Les premières adresses e-mails que j’ai distribuées à une soixantaine d’universitaires libanais et quelques officiels comprenaient donc toutes le prénom de ma fille… », sourit-il. Il consacre les deux années suivantes à tisser sa Toile en distribuant progressivement les noms de domaines tout en améliorant sa connexion internationale grâce à des financements privés : d’abord à travers le réseau monopolistique de Sodetel, puis en louant une transmission satellitaire au groupe Mikati en 1994 pour assurer une redondance. « C’est de cette année-là que l’on peut vraiment dater la naissance de l’Internet au Liban, d’autant que les premiers fournisseurs d’accès commencent à me contacter pour obtenir des DNS et font preuve d’une grande créativité pour se connecter au réseau alors qu’on était tous dans une zone juridique grise avant 1996. »
Une “zone grise” qui explique en partie son choix, à rebours des pratiques observées ailleurs, de ne pas commercialiser les noms de domaines libanais, que ce soit directement ou par l’intermédiaire de registraires. « Mon but était au départ de créer la communauté le plus vite possible. Ensuite, lorsque à partir de 2000 je n’ai plus accepté que les marques déposées pour éviter le “cybersquatting” et ai préféré ne pas gonfler les coûts pour les usagers devant s’acquitter de frais d’enregistrement élevés auprès de l’office de la propriété intellectuelle.
Un choix de la gratuité qu’il réévalue désormais depuis la création de Linc : « Jusqu’à maintenant, je gérais cela seul avec une poignée de volontaires, mais Linc va devenir une institution avec des missions plus larges et un personnel salarié qu’il faudra financer. Cela fait partie des nombreuses questions que les comités exécutifs devront trancher », explique le vétéran de la régulation du Web libanais.
Tout commence à la fin des années 1980 lorsque Nabil Bukhalid, alors ingénieur à l’Université américaine de Beyrouth (AUB), cherche à relier des bases de données biomédicales et commence à s’intéresser aux réseaux informatiques. Deux ans après avoir pris la direction du réseau informatique interne qu’il met en place à l’AUB en 1991, il se rend à Stanford pour rencontrer certains pères fondateurs de l’Internet, comme Vint Cerf (inventeur du protocole TCP/IP), John Postel (inventeur et gestionnaire des noms de domaines DNS) et Randy Bush qui initiait alors des ingénieurs du monde entier au fonctionnement du nouveau réseau. Tout en suivant l’indispensable formation technique, il convainc Postel de lui confier la gestion des DNS libanaises tandis que Bush lui fournit gracieusement un serveur au sein de son organisation. « J’avais deux serveurs baptisés comme mes filles : Zeina, en Oregon, qui était connecté à l’Internet américain, et Leila, au Liban, qui y était relié par accès commuté “Dial-up”. Les premières adresses e-mails que j’ai distribuées à une soixantaine d’universitaires libanais et quelques officiels comprenaient donc toutes le prénom de ma fille… », sourit-il. Il consacre les deux années suivantes à tisser sa Toile en distribuant progressivement les noms de domaines tout en améliorant sa connexion internationale grâce à des financements privés : d’abord à travers le réseau monopolistique de Sodetel, puis en louant une transmission satellitaire au groupe Mikati en 1994 pour assurer une redondance. « C’est de cette année-là que l’on peut vraiment dater la naissance de l’Internet au Liban, d’autant que les premiers fournisseurs d’accès commencent à me contacter pour obtenir des DNS et font preuve d’une grande créativité pour se connecter au réseau alors qu’on était tous dans une zone juridique grise avant 1996. »
Une “zone grise” qui explique en partie son choix, à rebours des pratiques observées ailleurs, de ne pas commercialiser les noms de domaines libanais, que ce soit directement ou par l’intermédiaire de registraires. « Mon but était au départ de créer la communauté le plus vite possible. Ensuite, lorsque à partir de 2000 je n’ai plus accepté que les marques déposées pour éviter le “cybersquatting” et ai préféré ne pas gonfler les coûts pour les usagers devant s’acquitter de frais d’enregistrement élevés auprès de l’office de la propriété intellectuelle.
Un choix de la gratuité qu’il réévalue désormais depuis la création de Linc : « Jusqu’à maintenant, je gérais cela seul avec une poignée de volontaires, mais Linc va devenir une institution avec des missions plus larges et un personnel salarié qu’il faudra financer. Cela fait partie des nombreuses questions que les comités exécutifs devront trancher », explique le vétéran de la régulation du Web libanais.