Un article du Dossier
La corruption gangrène les services publics
Le Liban est classé 89e sur 192 en matière de développement du gouvernement électronique. Un retard que le ministre d’État pour la Réforme administrative, Nabil de Freige, veut combler. Entretien.
L’informatisation de l’administration publique et les projets de gouvernement électronique sont-ils un moyen de lutter contre la corruption ?
Oui, ce processus est essentiel pour limiter la corruption et les pots-de-vin à travers la limitation des interactions entre citoyens et fonctionnaires, et la standardisation des procédures. Mais il avance difficilement. Je consacre tous les efforts possibles à la relance des projets en la matière.
Quelle est votre stratégie ?
L’administration électronique repose sur trois piliers :
- Le premier est l’organisation de la relation entre le citoyen et les institutions publiques à travers un portail en ligne.
- Le second porte sur l’automatisation de l’échange des informations entre les administrations afin qu’un citoyen ne soit pas obligé de fournir un document ou une information si elle existe déjà dans le système, sachant qu’il faut maintenir la distinction entre une administration dont émane un document – comme le registre d’état civil par exemple – et une administration qui l’utilise.
- Enfin, le troisième pilier concerne l’informatisation des administrations elles-mêmes en particulier le Palais de justice et les tribunaux.
Avez-vous les moyens de mener à bien ces trois axes ?
Pour réussir, ce projet a besoin d’infrastructures efficaces et modernes de télécommunications et d’un cadre légal adéquats, ainsi que d’un plan d’action.
L’infrastructure consiste à créer un réseau gouvernemental sécurisé reliant toutes les administrations avec des services partagés. Nous n’en sommes pas là et j’essaie aujourd’hui d’améliorer la sécurité du réseau actuel en assurant notamment un minimum de redondance ainsi que des serveurs parallèles. Un accord en ce sens a été conclu avec le ministère des Télécoms.
Sur le plan légal et réglementaire, il y a deux lacunes majeures à combler :
- La première concerne l’application de la loi sur le numéro unique (ou numéro national) attribué à chaque citoyen pour permettre l’échange d’informations entre administrations ainsi qu’entre le citoyen et l’administration. Cette loi très simple de deux articles a été votée il y a deux ans. Un comité relevant de la présidence du Conseil a décidé que le numéro concerné sera celui de la carte d’identité : le système existe déjà avec quatre millions de cartes en circulation. Le projet de décret a été envoyé au Conseil des ministres, mais attend encore d’être adopté.
- Le deuxième projet de loi indispensable est celui concernant la signature et les paiements électroniques. Le texte est encore en commission parlementaire.
Aujourd’hui cependant le principal frein est politique. L’État n’a pas encore de véritable stratégie nationale pour l’administration économique contrairement à des pays comme Dubaï, Qatar ou l’Égypte.
Étant donné ces contraintes, comment déterminez-vous les priorités de votre plan d’action ?
L’approche est pragmatique. Le ministère d’État pour la Réforme administrative ne peut rien imposer à quiconque. Nous cherchons donc à identifier les administrations qui ont des besoins, qui sont favorables à des projets d’informatisation et, surtout, qui ont les moyens humains de les mettre en œuvre. Les projets identifiés sont financés par des bailleurs de fonds internationaux (tels que l’Union européenne et le Fonds arabe pour le développement social et économique).
En matière de gouvernement électronique, cinq services en ligne ont été lancés en juin 2014 pour le compte de la Sûreté générale qui en demande désormais 20 nouveaux.
Nous travaillons aussi avec le ministère de l’Agriculture et celui des Affaires étrangères pour des services consulaires en ligne. Il n’est pas normal que les expatriés ne puissent pas enregistrer des naissances, des mariages ou des décès si, dans le pays d’accueil, il n’existe pas de consulat ou d’ambassade du Liban.
En matière d’informatisation des administrations, des projets d’envergure sont en cours au ministère de l’Éducation pour l’informatisation des transactions administratives et au ministère de l’Intérieur pour celle des registres d’état civil.
Au total 27 millions de dollars sont engagés sur les projets d’informatisation de l’administration.
Oui, ce processus est essentiel pour limiter la corruption et les pots-de-vin à travers la limitation des interactions entre citoyens et fonctionnaires, et la standardisation des procédures. Mais il avance difficilement. Je consacre tous les efforts possibles à la relance des projets en la matière.
Quelle est votre stratégie ?
L’administration électronique repose sur trois piliers :
- Le premier est l’organisation de la relation entre le citoyen et les institutions publiques à travers un portail en ligne.
- Le second porte sur l’automatisation de l’échange des informations entre les administrations afin qu’un citoyen ne soit pas obligé de fournir un document ou une information si elle existe déjà dans le système, sachant qu’il faut maintenir la distinction entre une administration dont émane un document – comme le registre d’état civil par exemple – et une administration qui l’utilise.
- Enfin, le troisième pilier concerne l’informatisation des administrations elles-mêmes en particulier le Palais de justice et les tribunaux.
Avez-vous les moyens de mener à bien ces trois axes ?
Pour réussir, ce projet a besoin d’infrastructures efficaces et modernes de télécommunications et d’un cadre légal adéquats, ainsi que d’un plan d’action.
L’infrastructure consiste à créer un réseau gouvernemental sécurisé reliant toutes les administrations avec des services partagés. Nous n’en sommes pas là et j’essaie aujourd’hui d’améliorer la sécurité du réseau actuel en assurant notamment un minimum de redondance ainsi que des serveurs parallèles. Un accord en ce sens a été conclu avec le ministère des Télécoms.
Sur le plan légal et réglementaire, il y a deux lacunes majeures à combler :
- La première concerne l’application de la loi sur le numéro unique (ou numéro national) attribué à chaque citoyen pour permettre l’échange d’informations entre administrations ainsi qu’entre le citoyen et l’administration. Cette loi très simple de deux articles a été votée il y a deux ans. Un comité relevant de la présidence du Conseil a décidé que le numéro concerné sera celui de la carte d’identité : le système existe déjà avec quatre millions de cartes en circulation. Le projet de décret a été envoyé au Conseil des ministres, mais attend encore d’être adopté.
- Le deuxième projet de loi indispensable est celui concernant la signature et les paiements électroniques. Le texte est encore en commission parlementaire.
Aujourd’hui cependant le principal frein est politique. L’État n’a pas encore de véritable stratégie nationale pour l’administration économique contrairement à des pays comme Dubaï, Qatar ou l’Égypte.
Étant donné ces contraintes, comment déterminez-vous les priorités de votre plan d’action ?
L’approche est pragmatique. Le ministère d’État pour la Réforme administrative ne peut rien imposer à quiconque. Nous cherchons donc à identifier les administrations qui ont des besoins, qui sont favorables à des projets d’informatisation et, surtout, qui ont les moyens humains de les mettre en œuvre. Les projets identifiés sont financés par des bailleurs de fonds internationaux (tels que l’Union européenne et le Fonds arabe pour le développement social et économique).
En matière de gouvernement électronique, cinq services en ligne ont été lancés en juin 2014 pour le compte de la Sûreté générale qui en demande désormais 20 nouveaux.
Nous travaillons aussi avec le ministère de l’Agriculture et celui des Affaires étrangères pour des services consulaires en ligne. Il n’est pas normal que les expatriés ne puissent pas enregistrer des naissances, des mariages ou des décès si, dans le pays d’accueil, il n’existe pas de consulat ou d’ambassade du Liban.
En matière d’informatisation des administrations, des projets d’envergure sont en cours au ministère de l’Éducation pour l’informatisation des transactions administratives et au ministère de l’Intérieur pour celle des registres d’état civil.
Au total 27 millions de dollars sont engagés sur les projets d’informatisation de l’administration.