Marseille, février dernier, CMA CGM, troisième groupe mondial de transport maritime en conteneurs, annonce être monté au capital de Traxens, une start-up technologique marseillaise, pour un montant non communiqué. Avec cette opération, Michel Fallah, qui a créé en 2012 cette société développant un système de suivi en temps réel des conteneurs, confirme ainsi sa capacité à fédérer les acteurs de la chaîne de transport autour d’une technologie innovante. « Le soutien et l’expertise de CMA CGM depuis le début de l’aventure nous a permis de développer une solution unique à forte valeur ajoutée pour tous les acteurs du transport de marchandises », tient-il à rappeler lors de la conclusion de l’accord.
Une aventure qui trouve son origine dans les années 1970 lorsqu’il quitte le Liban pour s’installer en France. Quarante ans plus tard, après une expérience chez le numéro un mondial de la carte à puce Gemplus, cet ingénieur en traitement numérique du signal décide de plonger dans le transport maritime. Une reconversion en grande partie due à sa rencontre quelques années plus tôt avec Jacques Saadé, le PDG de CMA CGM. « En 2010, pressentant le marché de l’Internet des objets, j’ai profité de mes relations de proximité avec la CMA CGM et Gemalto, pour cibler le marché de la logistique des conteneurs de fret. Le conteneur est une unité de transport multimodale impliquant de nombreux acteurs qui ne se connaissent pas. L’idée était donc de créer un dispositif leur transmettant de manière sécurisée les données nécessaires – sur la position du conteneur, le statut légal de la cargaison ou l’état de la marchandise – tout au long de la chaîne de transport », raconte-t-il. Constructeurs de conteneurs, armateurs, douanes ou encore terminaux portuaires font donc partie du portefeuille de clients qui pourraient voir « leur productivité grimper en même temps que leurs parts de marché grâce à ces “conteneurs intelligents” ».
Une idée qui vaut à sa start-up de remporter, trois mois après sa création, le concours national d’aide à la création d’entreprise de technologies innovantes, organisé par le ministère français de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. « Ce prix nous a permis de mobiliser, sous forme de prêts à taux zéro et de subventions, de quoi financer la moitié de nos besoins en recherche et développement », précise-t-il. Il lui donne aussi des arguments de poids pour mobiliser cinq laboratoires de recherche sur le projet, et convaincre des investisseurs, comme CMA CGM, qui fait alors son entrée dans le capital de la start-up avec une participation minoritaire d’environ 20 %. Si l’armateur devient ainsi le premier client à bénéficier de la solution développée par Traxens, cette dernière compte la proposer à tous les acteurs du marché de la logistique conteneurisée. C’est la raison pour laquelle la prise de participation de CMA CGM demeure minoritaire après la clôture du second tour de table en février. « Nos accords avec CMA CGM valorisent notre solution et constituent un indéniable tremplin commercial », assure Michel Fallah, dont la holding Mitrax, qu’il possède avec les autres fondateurs, détient encore 70 % de Traxens. Une troisième levée de fonds est déjà envisagée à partir de la fin 2016, pour financer un déploiement global du système selon un plan de route ambitieux visant à le rendre incontournable dans « un marché mondial qui pourrait peser entre 10 et 40 milliards de dollars dans les dix années à venir ».